Avant que le sprint final des législatives soit lancé, il est bon de faire le bilan de la majorité sur son mandat. Le principal événement qui a touché le pays du cèdre dans cette periode est la guerre de juillet 2006, au cours de laquelle le premier ministre libanais a fait preuve de beaucoup d’expérience et de finesse pour rassembler la nation autour de la résistance. Et cela bien qu’elle se soit arrogé le droit d’empiéter sur l’Etat dans ses manœuvres provocatrices à l’extérieur du territoire libanais. Sans ce rassemblement arabe et international (français en particulier) que le gouvernement a contribue à fédérer, il y a fort a parier que cette guerre aurait dure plus longtemps. Sur le plan économique, de nombreuses reformes ont ete lancé via notamment la conférence de Paris 3. Il est bon de rappeler que cette derniere devait rapporter 7,6 milliards de dollars. C’était sans compter sur l’indifférence de l’opposition au bien-être économique. Pour bloquer ce processus de soutien financier, l’opposition a bloqué les sessions parlementaires et les réunions du gouvernement en s’abstenant de s’y présenter. Pour intensifier la pression sur le gouvernement, dans sa tentative de le destituer, l’opposition a en parallele également bloqué le centre-ville de novembre 2006 a mai 2008, tentes et casquettes oranges à l’appui, faisant quelque peu planer le spectre de la barbarie sur l’un des poumons économiques de la capitale. Est venu egalement la bonne gestion de la tentative de putsch du Hezbollah du 7 mai 2008. En fin de mandat, deux dossiers ont abouti : le lancement du tribunal international de Lahaye qui doit élucider l’assassinat du premier ministre Hariri ainsi que la vague d’attentats qui a suivi, et la remise sur pied du conseil constitutionnel. Les relations avec la Syrie ont été difficiles lors de ce mandat. Au lendemain de son retrait, il était prévisible que le régime alaouite digèrerait mal son retrait militaire et l’inéluctable baisse d’influence politique qui va avec. Les différents blocages institutionnels de l’opposition pro-syrienne lors de cette periode sont venus confirmer que les velléités de déséquilibrage de l’échiquier politique et confessionnel libanais étaient restées intactes. A noter toutefois qu’une éclaircie dans les relations libano-syriennes est arrivée en fin de mandat avec la nomination du premier ambassadeur syrien au Liban. Il aura tout de même fallu attendre 60 ans d’indépendance pour que ce dysfonctionnement diplomatique, on ne peut plus criant entre deux pays voisins soit résolu. L’accord de Doha a permis l’élection d’un président de la république a même de rassembler les libanais, tout en étant actif dans la vie politique. Un président qui serait un arbitre ne ferait pas avancer le débat et nuirait à tout processus démocratique. D’autres institutions comme le conseil constitutionnel ou le pouvoir juridique doivent jouer ce rôle. Au contraire, le titulaire de ce poste doit jouir de beaucoup de prérogatives dans les décisions du gouvernement, et peser sur la formation des listes électorales lors de législatives. Ce que le président Sleiman a su faire.
Le clivage né de la révolution du cèdre de 2005 et des élections qui avaient suivies est encore tres prégnant, avec toutefois l’émergence d’une troisième force politique. Cette dernière s’est fait une place sur l’échiquier politique du fait d’abord de l’accord de Doha, qui a élu un président qui jouit d’une crédibilité au sein des deux camps. Ensuite, en conséquence de la prise de distance de plusieurs personnalités chrétiennes vis-à-vis du CPL suite au reniement de beaucoup de ses principes via son rapprochement avec le Hezbollah et l’axe syro-iranien. Enfin, du ressort de différentes composantes régionales qui recentrent le PSP et Amal. Dans le cas de figure qui se présente cette année, l’enjeu est d’autant plus important que l’élection dans plusieurs régions est tres serrée et que le pays semble a un croisé de chemin du fait du fort antagonisme dans l’idéologie des deux camps qui s’opposent. Soit la majorité réussit à peaufiner ses alliances avec les différents candidats centristes, ce qui est le cas dans la majorité des régions et l’emporte. Elle pourra alors commencer à asseoir les acquis politique de la révolution du cèdre, dans l’édification d’un Etat libanais en voie de consolider ses differentes institutions. Soit l’urne du 7 juin impose une alternance politique qui changerait beaucoup des orientations actuelles du pays. Le projet d’une troisième république pourrait alors commencer à voir le jour. Son premier objectif est de changer le fondement de l’accord de Taef. A savoir la répartition en trois tiers entre les principales communautés du pays. Taef donnait a la communauté chrétienne la moitie des portefeuilles ministériels, elle n’en aurait plus qu’un tiers. De surcroit, cette éventuelle victoire de l’opposition ferait perdre au Liban le soutien de grandes capitales occidentales. Le soutien logistique (a l’armée notamment) et financier que fournit par exemple Washington serait certainement redéfini. La visite récente visite du vice-président américain a Beyrouth est venu confirmer le souhait US de maintenir cette aide qui se chiffre a 500 millions de dollars depuis 2005. Cette victoire changerait également la donne régionale : Dans son projet transnational, l’Iran se trouverait renforcée par la victoire du plus suiviste de ses alliés.
A une semaine des élections, la proportion d’indécis semble encore importante. Au sein de l’électorat chrétien un même profil de personnes indécises se dégage. Celui de sympathisants déçus par les orientations politiques du groupe parlementaire du CPL lors de son mandat. Pour les plus jeunes d’entre eux, le changement de cap est relativement facile à effectuer. Mais pour les personnes plus âgées qui ont vécu les guerres de la fin des années 80, l’acceptation de l’idée d’alternance de leadership est plus difficile. Le tel culte de la personnalité aveugle que le général avait suscité à l’époque, et qui avait rassemblé une écrasante majorité de la communauté chrétienne, rend le vote sanction de sa politique plus difficile. Mais a l’heure ou le pays résiste plutôt bien a la récession économique mondiale, et ou beaucoup de libanais manifestent leur soif de liberté et de démocratie, le CPL risque de voir son nombre de sièges acquis dans les régions chrétiennes en 2005 s’étioler, et le Mouvement du 14 mars rempiler pour un second mandat.
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