23 août 2007

Du côté du bastion du parti de Dieu





Photos : Khalil Hatem

Peuplé majoritairement de Chiites, ce secteur est la chasse gardée du parti de dieu. A l'antipode des autres régions, les routes et les infrastructures sont dans un état lamentable : bienvenue au Sud-Liban.
Routes financées par le Fonds Iranien pour la reconstruction du Liban
L'armée a retrouvé une certaine autorité sur ce territoire depuis la guerre de l'été dernier, que la résolution 1701 avait clôturée. Celle-ci avait permis l'envoi de 20.000 soldats libanais, ainsi que 13000 casques bleus, déployés au sud du fleuve Litani. Les miliciens du Hezbollah y sont moins visibles, mais ils ne sont pas gênés dans leurs déplacements par cette nouvelle donne.
Autre élément frappant, la multitude de photos du chef du Hezbollah Hassan Nasrallah, et la présence d'affiches et banderoles remerciant différentes organisations iraniennes pour leur soutien financier. Ainsi, sur une route nouvellement construite, on peut lire : 510 km de routes financées par le Fonds iranien pour la reconstruction du Liban. Le Hezbollah affirme que depuis la fin de la guerre ces dons s'élèvent à 381 millions de dollars. Certes, ce n'est pas rien mais ces sommes font pâle figure devant les 7,2 milliards de dollars promis par la communauté internationale (dont une part conséquente doit être consacrée à la reconstruction des dégâts de la guerre), durant la conférence de Paris 3. Or, le blocage du parlement par le Hezbollah empêche le gouvernement d'entamer les reformes économiques et sociales, que la conférence a conditionnées à l'aide financière.
La marginalisation des chiites
La démission de l'Etat dans cette région est du reste palpable à chaque coin de rue. Historiquement, celle-ci a toujours connu une forme de déshérence, en raison de la marginalisation des Chiites, lors des différentes occupations qu'a connues le pays du Cèdre. Aujourd'hui, l'Etat libanais paie cash le fait d'avoir laissé pour compte une partie de ses citoyens. Cette situation a ouvert la voie aux extrémistes du Hezbollah, qui se sont substitués à l'autorité centrale dans cette région. Le parti de Dieu dispose d'une infrastructure qui lui permet d'offrir à la population des services d'éducation, de santé, et de disposer d'une milice armée.
Les Chiites, qui ont perdu toute confiance en l'Etat libanais, se dirigent (dans un instinct de survie) vers le parti de Dieu, malgré son allégeance au projet transnational iranien. Le poids politique qu'ils accordent au Hezbollah permet à ce dernier de bloquer les décisions vitales du parlement, à l'instar de la ratification de Paris 3.