18 août 2011

Les produits dérivés sont-ils dangereux ?

La dernière crise financière internationale a révélé au grand public la nocivité des produits dérivés bancaires. En effet, la Réserve fédérale américaine (FED) avait encouragé le crédit facile à partir de 2002 pour relancer l’économie, permettant à un grand nombre de ménages d’acquérir leur logement. Le mouvement a été facilité par les produits dérivés des « subprimes » accordés par les instituts de crédit aux ménages. Les taux d’intérêt de ces prêts étaient proportionnels à la valeur du bien immobilier. Plus la maison avait de la valeur, plus le taux était bas. Inversement, quand la maison perdait de la valeur, le taux d’intérêt grimpait. C’est ce qui s’est passé avec l’effondrement du marché de l’immobilier en 2007.


Les ménages n’ayant plus les moyens de payer des mensualités de plus en plus élevées qu’imposait la hausse des taux d’intérêt, les instituts de crédit n’ont plus été capables de rembourser aux banques, étant donné que la baisse de la valeur de la maison rendait sa saisie peu fructueuse. Les banques, qui avaient investi dans ses instituts de crédit, ont été à leur tour touchées. Pour compenser leurs pertes, elles ont été obligées de vendre leurs actifs, provoquant la chute des valeurs sur les marchés financiers.
Les principaux inconvénients des produits dérivés sont qu’ils sont générateurs de dette ainsi que d’incertitude, étant donné que nombreux sont ceux qui ne comprennent pas comment « fonctionnent » ces produits. Un autre aspect négatif des produits dérivés est l’incitation à la spéculation sur des composantes qui affectent l’économie mondiale. Ainsi, cette spéculation a contribué à la hausse du prix du pétrole, qui a des conséquences négatives sur plusieurs secteurs de l’économie.
Selon le directeur associé de la banque française Natixis, Roy Awad, un autre inconvénient des produits dérivés est leur opacité. « En effet, on mélange des actions risquées et non risquées (...) sous la couverture des agences de notation qui leur accordent des triple A », a-t-il souligné.
M. Awad a en outre déploré l’insuffisance de la régulation des produits dérivés, en dépit des conséquences négatives de la crise financière internationale à l’échelle mondiale. « Après une période où les produits dérivés étaient moins souvent proposés par les banquiers, ils sont à nouveau régulièrement offerts par ceux-ci depuis un an et demi », a-t-il expliqué.
Rappelons qu’un produit dérivé est un instrument financier dont la valeur fluctue en fonction de l’évolution du taux ou du prix d’un produit appelé sous-jacent. Il s’agit d’un contrat entre deux parties qui fixe des flux financiers futurs fondés sur ceux d’un actif financier réel ou théorique.
Ces produits présentent toutefois de nombreux avantages. En effet, selon M. Awad, ils permettent d’augmenter les liquidités sur le marché et de réduire la pauvreté.
De plus, ils permettent de réduire les risques.
Ainsi, ils permettent à un gérant de portefeuille de se prémunir contre le risque d’évolution de la valeur de ses actions. Les dérivés financiers sont également très utiles pour les producteurs agricoles soucieux de parer au risque de l’évolution des prix des matières premières.
Notons qu’au Liban, contrairement à d’autres pays, la réglementation sur les produits dérivés est très stricte, ce qui a permis au pays du Cèdre d’éviter les conséquences de la débâcle internationale.
En effet, l’article 24 de la circulaire 27 de la Banque du Liban (BDL) souligne que les banques commerciales n’ont le droit de réaliser des opérations sur les produits dérivés que si ces opérations sont réalisées dans le but de se prémunir contre le risque (hedging en anglais). De plus, selon l’article 2 de la circulaire 66 de la BDL, les banques et les institutions financières doivent être transparentes avec leurs clients en présentant de façon claire les recettes et les risques potentiels des produits dérivés proposés.
Toutefois, « si les produits dérivés étaient moins réglementés au Liban, les personnes aux faibles revenus auraient pu, par exemple, profiter du boom du secteur de l’immobilier de 2009 et 2010 ... » a conclu le directeur associé de la banque française Natixis, Roy Awad.

La Banque méditerranéenne de développement, un projet en gestation qui pourrait bénéficier au Liban

L’Institut de prospective économique du monde méditerranéen (Ipemed) et l’association des jeunes entrepreneurs Bader ont organisé mercredi une conférence à l’École supérieure des affaires (ESA) sur le projet de Banque méditerranéenne de développement. Ont pris part à cette conférence le gouverneur de la Banque du Liban (BDL), Riad Salamé, le président de la commission française chargée de faire avancer le projet, Charles Milhaud, le président de l’Association des industriels libanais (AIL), Nehmet Frem, ainsi que le délégué général de l’Ipemed, Jean-Louis Guigou, et le directeur général de l’ESA, Stéphane Attali.
À cette occasion, M. Salamé a souligné que la BDL soutenait depuis deux ans l’initiative de l’Ipemed pour le lancement de la Banque méditerranéenne de développement, étant donné que sa création permettrait d’améliorer les conditions économiques et sociales dans la région du bassin méditerranéen.


M. Salamé a en outre déploré les grandes disparités économiques entre les pays méditerranéens. « En effet, le PIB total des pays du bassin est de 8 000 milliards de dollars. Cependant, force est de noter que 38 % des habitants de cette région vivent en Europe et détiennent 80 % des richesses, tandis que 62 % des citoyens du bassin méditerranéen, vivant en Afrique et au Moyen-Orient, ne possèdent que 20 % du total de ces richesses », a-t-il précisé.
M. Salamé a ainsi insisté sur la nécessité de développer des outils de financement qui permettraient d’orienter davantage les investissements vers les pays du sud de la Méditerranée. « Les banques privées ne peuvent pas à elles seules jouer ce rôle, d’où la nécessité de créer une banque financée par l’ensemble des pays méditerranéens, qui contribuerait au financement des projets d’infrastructure du secteur public ainsi que les investissements du secteur privé », a-t-il expliqué.
M. Salamé a toutefois souligné que la réussite d’une telle banque est conditionnée par le fait qu’elle soit tenue à l’écart des tiraillements politiques.

Accélérer le développement dans les pays arabes
De son côté, M. Milhaud, auquel le président Sarkozy avait confié la commission chargée d’étudier le projet en juillet 2009, a souligné que la création de cette banque est devenue de plus en plus pressante à la lumière du printemps arabe, qui a mis en avant la nécessité d’accélérer le développement dans ces pays. « En 1945, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la Banque mondiale (BM) a été créée ; en 1957, avec la création de la Communauté économique européenne (CEE), la Banque européenne d’investissement (BEI) a vu le jour. En 1990, suite à la chute du mur de Berlin, la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) a été créée. Aujourd’hui, avec les différents changements politiques que connaît le bassin méditerranéen, une banque régionale de ce type s’impose », a souligné M. Milhaud.
Ce dernier a en outre précisé que cette banque, dont le capital devra majoritairement être public, permettrait de passer d’une logique de transferts de fonds à une logique d’intégration régionale durable.
M. Milhaud a également expliqué que sa commission avait insisté pour que quatre grands principes régissent la création d’une telle banque : la conditionnalité de réformes qui doivent être engagées parallèlement, la complémentarité entre cette nouvelle entité et les institutions déjà existantes, la subsidiarité vis-à-vis du secteur privé et la notation AAA comme préalable absolu à sa création.
« Les principales tâches de la banque consisteront notamment à transformer l’épargne locale en investissements de moyen terme, à soutenir le secteur privé, spécialement les PME, et à accélérer le développement des marchés financiers », a expliqué M. Milhaud.
Interrogé par L’Orient-Le-Jour sur les obstacles que pourrait rencontrer la création de cette banque, M. Milhaud a souligné qu’ils étaient principalement d’ordre politique. En effet, selon lui, si le projet est fortement soutenu par la France, l’Espagne et l’Italie, il ne suscite toutefois pas le même engouement parmi d’autres pays européens, ce qui pourrait retarder sa réalisation de quelques années.

La hausse des transferts d’argent sortants, une menace pour l’économie ?

L'écart entre les transferts d'argent en provenance de l'étranger et ceux en partance du pays ne cesse de reculer depuis un certain temps, ce qui risque d'affecter de manière négative l'économie locale, estiment certains analystes. En effet, l'écart entre les flux intrants et les flux sortants (les investissements directs étrangers (IDE) et les dépenses touristiques exclus) a chuté de 2,8 à 1,8 milliard de dollars entre 2008 et 2009, et risque de se rétrécir davantage cette année, à l'ombre des tensions actuelles sur les plans local et régional. Selon le rapport de la Banque mondiale « Migration and Remittances Factbook 2011 », récemment publié, aussi bien les transferts intrants que sortants ont toutefois augmenté de manière conséquente en valeur absolue. En effet, les transferts d'émigrés sont passés de 7,2 milliards de dollars en 2008 à 7,6 milliards en 2009 et à 8,2 milliards en 2010. De leur côté, le montant des transferts en partance du Liban (effectués essentiellement par des travailleurs étrangers) est passé de 4,4 à 5,8 milliards de dollars entre 2008 et 2009.
À l'origine de l'augmentation des transferts en provenance de l'étranger : la stabilité politique dont a bénéficié le pays du Cèdre au lendemain des accords de Doha en mai 2008, qui a encouragé les émigrés à poursuivre l'envoi d'argent vers le Liban. Mais aussi la résilience dont a fait preuve l'économie libanaise face à la crise internationale. Celle-ci a encouragé de nombreux expatriés à placer leur argent dans leur pays natal, considéré à l'époque comme une terre refuge. Dans l'autre sens, les flux sortants, intrinsèquement liés à l'évolution de la conjoncture locale et internationale, ont eux aussi profité de la stabilité politique et de la crise financière internationale. Ainsi, avec les taux de croissance élevés enregistrés au Liban entre 2008 et 2009, il était normal que ces transferts augmentent. Selon l'économiste Nassib Ghobril, cette stabilité politique couplée à une forte croissance économique avait entraîné une hausse des opportunités d'emploi pour les travailleurs étrangers peu ou pas qualifiés, notamment dans le secteur de la construction, d'où la croissance des transferts d'argent sortants.

Reste que l'évolution des flux sortants (+31,8 % entre 2008 et 2009) a été nettement supérieure à celle des flux intrants (+5,5 % au cours de la même période), ce qui pourrait nuire à l'économie libanaise. En effet, selon l'économiste Paul Doueihi, la hausse des transferts d'argent en partance du pays influe négativement sur le solde de la balance des capitaux, et donc sur la balance des paiements. Celle-ci a, rappelons-le, enregistré un déficit de plus de 660 millions de dollars au cours des deux premiers mois de 2011. « À cela s'ajoute le manque à gagner, en termes de consommation interne ou d'investissement, découlant de la fuite de ces montants », qui représentent quelque 17 % du PIB, ajoute Paul Doueihi.
Cet avis ne fait toutefois pas l'unanimité ; selon l'économiste Louis Hobeika, la hausse des flux sortants est un facteur positif. « C'est un signe que le Liban attire les travailleurs étrangers (...) et que les besoins de notre marché, en matière de main-d'œuvre, sont totalement ou partiellement comblés », souligne-t-il.

La tendance va-t-elle se poursuivre en 2011 ?
En l'absence de chiffres sur les transferts sortants en 2010, il est difficile d'estimer si l'écart entre les transferts intrants et sortants s'est rétréci davantage l'an dernier ou encore si la tendance se poursuivra en 2011. Selon Nassib Ghobril, la crise actuelle dans le monde arabe pourrait néanmoins affecter l'évolution des flux intrants et sortants si l'effet domino se propageait aux pays du Golfe. En effet, une grande partie des transferts d'émigrés émane de cette région, jusque-là épargnée par les troubles régionaux. Quant aux transferts à partir du Liban, ils seraient également affectés dans ce cas de figure, vu que la majeure partie des investissements arabes au Liban provient des riches monarchies pétrolières. « Si les investissements étrangers reculent, les projets, autant dans le secteur de l'immobilier que dans d'autres secteurs, risquent en effet de racornir, ce qui affecterait l'emploi des travailleurs étrangers et par conséquent le montant des transferts en partance du Liban », explique à cet égard un expert sous couvert d'anonymat. En somme, l'écart entre les flux intrants et sortants pourrait donc se stabiliser, selon lui. Pour l'économiste Nassib Ghobril, « la crise arabe ne devrait toutefois pas avoir d'impact majeur sur la situation des travailleurs étrangers au Liban (...) ni sur leurs transferts à l'étranger », ce qui pourrait se traduire, selon lui, par un maintien de la tendance amorcée en 2008.

20 décembre 2010

Bilan accablant des conditions des réfugiés palestiniens au Liban

Au Liban, les statistiques sont souvent inexistantes ou peu fiables. Jusque-là, le nombre de réfugiés palestiniens et leurs conditions socio-économiques n'avaient pas échappé à cette règle. Cependant, 60 ans après la Nakba, et les nombreuses vagues d'émigration vers le Liban qui ont suivi, une première étude d'ampleur sur la situation des Palestiniens vivant dans les 12 camps répartis sur l'ensemble du territoire libanais ou dans les alentours de ces camps a finalement vu le jour. Élaborée par l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine au Proche-Orient (Unrwa) en collaboration avec l'Université américaine de Beyrouth, cette étude, réalisée sur un panel de 2 600 ménages, a été présentée hier dans le cadre d'une conférence à l'AUB.
À cette occasion, le principal enquêteur du rapport, Jad Chaaban, a exposé les principales caractéristiques de la population palestinienne résidente, mettant l'accent, en parallèle, sur les nombreuses difficultés socio-économiques auxquelles font face les réfugiés.

Près de 270 000 résidents, dont 66 % sous le seuil de pauvreté


Sur le plan démographique, l'enquête indique que sur les 425 000 réfugiés inscrits auprès de l'Unrwa depuis 1948 (auxquels s'ajoutent 50 000 personnes inscrites sur les listes de la Direction des Affaires des réfugiés relevant du ministère de l'Intérieur), entre 260 000 et 280 000 réfugiés palestiniens résident aujourd'hui au Liban.
La moitié de cette population est âgée de moins de 25 ans, alors que 53 % sont des femmes. En outre, un ménage est composé en moyenne de 4,5 personnes, tandis que la moitié des réfugiés vivent dans la région du Sud-Liban, indique en outre l'étude.
Au niveau de l'emploi - facteur-clé d'intégration sociale - l'enquête révèle que 56 % des Palestiniens résidant au Liban sont au chômage et que deux tiers des personnes employées exercent des métiers peu qualifiés, concentrés essentiellement dans les secteurs de la construction et de l'agriculture.
Ces chiffres pourraient toutefois s'améliorer suite à l'amendement en août dernier de l'article 59 du code du travail, qui a désormais permis aux Palestiniens d'accéder à 72 métiers, jusque-là hors de portée. Nombreux sont toutefois les sceptiques qui y voient une amélioration en trompe-l'œil, étant donné que l'amendement légal ne porte pas sur les professions libérales (médecins, avocats...)
Quoi qu'il en soit, cette situation précaire au niveau du marché du travail n'a fait qu'aggraver les conditions de vie des Palestiniens au Liban. En effet, selon le rapport, 6,6 % des réfugiés vivent aujourd'hui sous le seuil d'extrême pauvreté, soit avec moins de 2,17 dollars par jour, et 66,4 % d'entre eux vivent sous le seuil de pauvreté, soit avec moins de 6 dollars par jour. L'étude note en outre que plus de 81 % des réfugiés vivant sous le seuil d'extrême pauvreté habitent dans les alentours des cazas de Tyr et de Saïda.
De plus, selon l'étude, 66 % des maisons souffrent d'humidité et de fuites d'eau, tandis que 8 % des ménages vivent dans des abris avec des textures de mur et/ou toit en tôle ondulée et 8 % vivent avec plus de trois personnes dans une chambre.

Seuls 6 % des réfugiés détiennent un diplôme universitaire
Dans ce contexte difficile, l'éducation - un des principaux vecteurs de développement socio-économique - est une voie que très peu de jeunes réfugiés empruntent. En effet, seulement la moitié des réfugiés âgés entre 16 et 18 ans suivent des études secondaires, tandis que 8 % des réfugiés âgés entre 7 et 15 ans ne sont pas inscrits à l'école, et uniquement 6 % des Palestiniens détiennent un diplôme universitaire.
Au niveau des services de santé, l'étude de l'Unrwa indique en outre que 95 % des réfugiés ne disposent d'aucune forme d'assurance médicale. Une situation d'autant plus inquiétante que près du tiers de la population palestinienne souffrent de maladies chroniques, et que 21 % des réfugiés affirment avoir connu des épisodes dépressifs et diverses formes de troubles psychologiques.
Enfin, l'enquête affirme qu'une majorité des réfugiés souffrent de malnutrition, précisant à cet égard que 57 % des membres des 2 600 ménages inclus dans l'enquête consomment régulièrement des aliments sucrés tandis que 68 % consomment fréquemment des boissons gazeuses et autres formes de nutriments malsains.

Vers une amélioration des conditions socio-économiques ?
Au-delà des chiffres, cette étude devrait contribuer à améliorer les conditions socio-économiques des réfugiés palestiniens, selon les participants à la conférence. En effet, l'Unrwa ambitionne de s'en servir pour convaincre les donateurs, le gouvernement libanais et les organisations non gouvernementales (ONG) de contribuer davantage à l'amélioration de la situation des réfugiés palestiniens. L'étude va en outre permettre à l'Unrwa de réajuster son programme d'aide, en ciblant davantage les populations « extrêmement pauvres ».
Enfin, l'Unrwa souhaite se servir de cette étude pour développer des partenariats avec d'autres organisations, en vue d'harmoniser les efforts et les stratégies.

Les sites d’informations toujours en quête de rentabilité

Mise à jour continue des nouvelles, interactivité avec les lecteurs, accès pratique... les sites d'informations sont de plus en plus convoités par les Libanais, désormais moins portés sur la presse écrite ou la télévision. Cette demande croissante pour l'info « rapide », soutenue par une prolifération, au cours des dernières années, des portails « pure player » (sites d'informations non affiliés à un média spécifique), n'a toutefois pas été accompagnée d'un accroissement proportionnel du marché de la publicité en ligne - principale source de revenus de ces sites. Celui-ci, encore timide, n'a en effet totalisé que près de 1,5 million de dollars en 2009, soit moins de 3 % du total des dépenses publicitaires.
Par conséquent, les sites d'informations locaux, dont la plupart ont vu le jour entre 2006 et 2008, peinent à couvrir leurs dépenses et à rentabiliser leurs investissements initiaux, assez élevés dans la plupart des cas.



De nombreuses dépenses mais pas assez de recettes
Lebanon Files a ainsi dépensé, depuis sa création en 2006, près de 600 000 dollars dont 150 000 dollars pour sa phase initiale, selon Rabih Habre, directeur du site.
Naharnet a, de son côté, investi un million de dollars pour sa phase de lancement, et iloubnan 500 000 dollars.
Outre ces dépenses de base, les sites, qui emploient en moyenne 15 à 25 personnes, encourent une multitude de dépenses courantes qu'ils doivent satisfaire chaque mois. Celles-ci sont consacrées essentiellement aux salaires des journalistes, qui oscillent entre 600 et 1 000 dollars par mois, à l'entretien technique, au coût des serveurs, qui varie entre 3 000 et 5 000 dollars par mois, et aux abonnements Internet qui fluctuent entre 300 et 3 000 dollars.
« De plus, chaque fois qu'une nouvelle version du site est lancée, 30 000 à 40 000 dollars sont débloqués », indique Patrick Bassil, directeur de Tayyar.org, site affilié au Courant patriotique libanais (CPL).
Pour couvrir leurs dépenses, les sites Web ont recours à différentes sources de revenus, dont principalement celles provenant de la publicité. Ces dernières sont en croissance au Liban, mais ne sont pas encore suffisantes pour couvrir à elles seules les frais de fonctionnement des sites.
En fonction de leur audience et des caractéristiques de la clientèle ciblée, les sites fixent leurs tarifs publicitaires selon deux méthodes principales : tarification à la bannière publicitaire ou par « Cost per mille » (CPM). Le CPM est un prix que les sites Web fixent et qui représente le coût que doit payer la compagnie souhaitant faire une annonce publicitaire à chaque fois que son spot est visualisé 1 000 fois sur le site. Le prix du CPM varie entre 12 dollars à Naharnet et 15 dollars à iloubnan. Les tarifs à la bannière publicitaire (tarification utilisée par Lebanonfiles et Tayyar) fluctuent quant à eux entre 200 et 6 000 dollars par bannière.
Ainsi, grâce à ses ventes de bannières publicitaires, LebanonFiles a enregistré des gains de 70 000 dollars au cours des neuf premiers mois de l'année. Le site avait enregistré des recettes publicitaires de 20 000 dollars pour chacune des années 2008 et 2009. De son côté, le site Tayyar a enregistré en 2010 des recettes publicitaires de 300 000 dollars, en nette progression par rapport à 2009 (250 000 dollars) et 2008 (150 000 dollars).
Pour diversifier leurs ressources, Naharnet, en collaboration avec l'Agence France Presse (AFP), ainsi que le site Tayyar ont développé en outre un service SMS pour générer de nouvelles recettes.
Naharnet, dont les recettes publicitaires pour les neuf premiers mois de 2010 n'ont totalisé que 35 000 dollars, compte 50 000 abonnés à ce service dans les pays du Golfe, qui paient leurs abonnements entre 4 et 5 dollars par mois.
Tayyar compte, pour sa part, 500 abonnés en moyenne qui sont facturés 7,5 dollars par mois. Naharnet a également développé un service de messagerie électronique « qui permet aux annonceurs d'envoyer des publicités aux lecteurs, moyennant finances », indique Sami Tuéni. « Malgré ces efforts, la plupart des sites d'informations, à l'instar de la quasi-totalité des médias, tous supports confondus, parviennent rarement à dégager des profits », avoue-t-il toutefois.
En somme, à l'exception de Tayyar.org, qui a connu une importante évolution depuis son lancement en 2002, nouant ainsi avec la rentabilité à partir de 2008, les autres sites, qui ont été créés quelques années plus tard, ne sont pas encore rentables. Ainsi, selon le directeur d'iloubnan, Nehmé Lebbos, « il faudra attendre encore trois à quatre ans avant que le site ne devienne rentable ».

La régionalisation, un passage obligé pour nouer avec la rentabilité ?
Pour atteindre cet objectif, les propriétaires misent, entre autres, sur le développement du marché publicitaire en ligne.
Même si ce dernier est encore peu exploité, les annonceurs portent un intérêt grandissant à ce support médiatique, encouragés par le nombre élevé de visiteurs des sites d'informations. En effet, selon le directeur de Naharnet, Sami Tuéni, « le site est visité aujourd'hui par 30 000 personnes par jour (...). Ce nombre peut même atteindre 90 000 lorsqu'un évènement ou un incident d'ampleur survient ». iloubnan a recensé, pour sa part, plus de 12 000 visiteurs uniques par jour cette année - un chiffre qui a doublé comparé à 2009. Lebanonfiles et Tayyar comptent de leur côté 100 000 et 50 000 visiteurs uniques par jour respectivement, selon les directeurs de leurs sites.
Cette importante croissance du nombre de lecteurs en ligne constitue un élément-clé dans le développement du marché publicitaire sur Internet, assurent ces derniers.
Rappelons à cet égard qu'une étude récemment publiée par le cabinet PriceWaterhouseCoopers (PWC) a prévu une croissance annuelle des recettes des médias sur Internet de 81 % par an.
Pour arriver à de meilleurs résultats financiers, certains ont, en parallèle, fait le pari de l'implantation à l'étranger, notamment dans les pays du Golfe, où le marché publicitaire en ligne est nettement plus important (73 millions de dollars en 2009).
Naharnet a ainsi décidé de franchir l'étape de la régionalisation de ses services d'informations, qui nécessitera le déblocage de deux à trois millions de dollars.
Cependant, cette étape, bien qu'ayant des perspectives financières juteuses, est pour l'instant impossible à franchir pour d'autres sites comme LebanonFiles, car trop coûteuse. Mais vu la petitesse du marché publicitaire libanais, l'élargissement à l'échelle régionale de la totalité des sites leaders semble à terme inéluctable.

Le sport libanais, un secteur économique encore sous-développé

Des fédérations fonctionnant pour la plupart selon le mode associatif (bénévolement), peu d'entreprises investissant dans le sport, des clubs majoritairement déficitaires qui survivent grâce aux investissements personnels d'hommes d'affaires ou de politiques passionnés... la situation financière du sport libanais est aujourd'hui dans le rouge.
Si aucun chiffre officiel n'est disponible sur la part que représente ce secteur du produit intérieur brut (PIB), les estimations tablent sur plusieurs millions de dollars - des chiffres bien en deçà de ceux observés dans d'autres pays, notamment les économies développées où le sport représente généralement entre 0,5 et 2 % du PIB annuel. En France, par exemple, les dépenses liées au secteur du sport se sont élevées à 33 milliards d'euros en 2007, soit 1,8 % du PIB.

Au Liban, où la culture du sport n'est pas encore assez ancrée et où l'économie - peu diversifiée - repose sur quelques secteurs-clés, le sport souffre d'une « sécheresse » financière qui l'entraîne dans un cercle vicieux : le manque d'investissements entrave toute évolution vers une professionnalisation, ce qui altère l'engouement des passionnés et démotive aussi les joueurs talentueux à se lancer dans une carrière hasardeuse. Résultat : le niveau de rentabilité du secteur attire peu d'investisseurs et ainsi de suite....
À cet égard, une première injection lourde de liquidités (à travers des subventions, des crédits bancaires et autres sources de financement) revêt une importance capitale pour franchir l'étape incontournable à l'envol du secteur : la professionnalisation. Celle-ci permettrait de briser le cercle vicieux et de générer plus de recettes car elle entraînerait une hausse du niveau sportif et augmenterait ainsi les recettes générées par la billetterie, tout en incitant les compagnies (banques, restaurants, etc.) à sponsoriser davantage clubs et fédérations.

Le football toujours en attente
Premier sport à souffrir au Liban de cette pénurie d'investissements : le football. Dans un entretien avec L'Orient-Le Jour, le président de la Fédération libanaise de football (FLF), Hachem Haïdar, a déploré l'état financier dans lequel se trouve aujourd'hui ce sport qui survit, dit-il, « grâce aux donations des uns et des autres ».
D'ailleurs, les chiffres de la fédération en disent long. Celle-ci, qui regroupe au total 24 clubs (première et deuxième divisions), a un budget total qui tourne depuis des années autour d'un million de dollars, ce qui lui permet à peine de subvenir à ses dépenses courantes. Au niveau des droits télé, par exemple, la Future TV retransmet les rencontres de première division depuis maintenant huit ans, et les a achetés pour la saison prochaine pour un montant s'élevant à 300 000 dollars, auxquels s'ajoutent 200 000 dollars pour la diffusion sur satellite.
En comparaison avec la France, ces chiffres paraissent largement dérisoires. En effet, la diffusion des matches de football de la Ligue 1 sur la période 2008-2012 coûtera aux chaînes concernées quelque 668 millions d'euros par an.
Deuxième source de recettes pour la fédération libanaise : les subventions de la FIFA qui accorde généralement 250 000 dollars par an à la FLF. « Cette année, Coupe du monde oblige, un montant de 500 000 dollars nous a été versé par la fédération grâce aux recettes de cet événement sportif planétaire », indique Hachem Haïdar. « De plus, l'État a promis de verser 400 000 dollars pour cette saison », indique-t-il, mais ce montant se fait toujours attendre... « Quoi qu'il en soit, ces recettes, dont une partie sert à l'organisation interne de la fédération et une autre partie aux allocations aux clubs, sont insuffisantes pour faire vivre ce sport et le professionnaliser », souligne le président de la FLF.
À cela s'ajoute le fait que le football libanais est privé depuis 2005 des recettes de la billetterie en raison de l'interdiction au public d'assister aux matches pour des raisons politiques. Ces recettes avaient atteint 130 000 dollars en moyenne, au cours des années 2002-2005, dont 20 % étaient alloués à la fédération et 80 % aux clubs. « Heureusement, à partir de cette saison, les stades seront rouverts au grand public, ce qui permettra aux clubs et à la fédération de renflouer leurs caisses », souligne Hachem Haïdar.
Face à cette situation, les clubs fonctionnent toujours sur le mode amateur, les joueurs libanais, dont la plupart exercent une autre activité professionnelle, touchant en moyenne entre 500 et 600 dollars par mois. Seuls quelques joueurs étrangers bénéficient en effet du statut de « professionnels » et d'un salaire plus décent, qui s'élève en moyenne à 2 000 dollars par mois.
Selon M. Haïdar, la manne financière provenant d'hommes d'affaires et d'hommes politiques investissant dans le football pour des raisons sociales ou personnelles est ainsi souvent salvatrice....

Le basket loin de son optimum
Si les finances du football libanais sont loin d'être au beau fixe, celles du basket ne sont pas plus reluisantes, même si les recettes générées sont plus importantes et que les coûts propres à l'infrastructure et à l'entretien sont généralement moins élevés.
Selon Georges Barakat, président de la Fédération libanaise de basket-ball (FLB), « la base économique du basket n'est pas encore assez solide étant donné le manque de sponsors ». « De 1997 à 1999, le basket avait connu un boom sans précédent grâce notamment aux exploits sportifs de La Sagesse à l'échelle régionale et continentale. Ce boom avait largement enthousiasmé les sponsors, qui ont massivement investi dans ce sport durant cette période. Cette effervescence ne s'est toutefois pas prolongée et n'a pas incité les compagnies à investir durablement. Aujourd'hui, ce sont toujours des personnes qui gèrent le basket au Liban et non des sociétés, ce qui entrave sa pérennité sur le plan financier », affirme-t-il.
Mais, contrairement au football, plusieurs paramètres laissent croire que le basket bénéficie d'une certaine stabilité financière. Cette dernière émane des recettes provenant des sponsors (plus importantes que le football), des droits de diffusion que la Future TV a payés (300 000 dollars cette année) pour la retransmission locale, et de la chaîne régionale al-Jazira qui a versé 385 000 dollars pour la retransmission dans les pays arabes. En outre, indique Georges Barakat, « l'État a subventionné cette année la fédération à hauteur de 900 000 dollars en raison de la qualification de l'équipe nationale pour la Coupe du monde, qui débutera le 28 août prochain » en Turquie. Dernière source de recettes, « la billetterie, qui a généré 110 000 dollars cette saison avec un prix de billet s'élevant à 5 000 livres », indique le président de la FLB. En conséquence, « les clubs des deux premières divisions sont tous professionnels et la troisième division prend également cette voie ».
La FLB, dit-il, compte six employés à temps plein, « qui ne sont pas bénévoles, contrairement à la plupart des membres des autres fédérations sportives », ajoute George Barakat. De plus, preuve de la bonne santé de ce sport, « les budgets annuels des clubs varient entre 150 000 et 1,5 million de dollars, et les joueurs des clubs gagnent entre 1 000 et 12 000 dollars (...) ».
Certains joueurs locaux ont même réussi à réaliser une carrière juteuse, à l'instar de Fadi el-Khatib, l'ailier de l'équipe de Champville, qui touche aujourd'hui quelque 15 000 dollars par mois, indique le président de la FLB.
Quant aux joueurs étrangers, leurs salaires « varient entre 5 000 et 25 000 dollars par mois, certains touchant même 30 000 dollars par mois, comme, par exemple, le joueur américain du Club sportif, Nate Johnson », ajoute-t-il. Ces salaires plutôt alléchants attirent de plus en plus de joueurs talentueux qui n'hésitent pas à se lancer dans une carrière qui, contrairement à celle du football, paraît bien plus prometteuse.
Le basket au Liban a donc une grande marge de progression et le faire évoluer pourrait contribuer au développement d'autres secteurs.

Faire bénéficier l'économie
En effet, le développement du sport pourrait largement servir à d'autres secteurs d'activité au Liban, comme en témoignent les retombées positives de la dernière Coupe du monde sur le secteur de la restauration.
Durant cet événement phare du monde sportif, les bars et restaurants au Liban ont versé jusqu'à 4 000 dollars de droits de diffusion à al-Jazira, qu'ils ont largement rentabilisés vu l'engouement de la population pour ce sport. Les cinémas ont eux aussi profité de cet intérêt pour le ballon rond en retransmettant les matches dans les salles, comme l'a fait Grand Cinémas, qui a vendu à 45 000 livres chacune des 650 places de ses trois branches pour la finale de la Coupe du monde. Le marché des produits dérivés a lui aussi profité de la compétition avec la vente de drapeaux et tee-shirts des équipes participantes...
Ainsi, l'investissement dans un sport comme le football au Liban permettrait non seulement d'élever le niveau professionnel, mais de doper dans une certaine mesure l'économie locale.
En attendant, faute d'investisseurs, le sport libanais tarde à s'affirmer comme un secteur économique à part entière et ne devrait pas franchir un nouveau palier tant que l'État ne lui accorde pas une part plus importante de son budget.

Le Liban face à la chute de l’euro : un impact qui se fait attendre

La dernière secousse dans la zone euro et la dépréciation conséquente de la monnaie unique suscitent de nombreuses questions quant à l'impact de cette chute sur l'économie libanaise, et plus particulièrement sur le coût des importations, le déficit commercial, l'inflation et les investissements. L'Europe étant un des principaux partenaires commerciaux du pays du Cèdre - dont la monnaie est indexée depuis plus d'une décennie au dollar - le recul de l'euro face au billet vert devrait théoriquement avoir de nombreuses conséquences positives sur l'économie locale, selon les analystes. Sauf que cet impact ne s'est pas fait encore sentir. Question de délai ou de structure rigide sur le plan interne, la dégringolade de la monnaie unique, qui est passée d'un pic de 1,59 face au dollar en juillet 2008 à moins de 1,2 il y a quelques semaines (avant de s'établir aujourd'hui autour de 1,25) ne s'est pas accompagnée d'un recul de l'inflation comme en témoignent les chiffres des organismes officiels et indépendants. Selon l'Association de protection des consommateurs (APC) ou encore du Consultation and Research Institute (CRI), les prix continuent en effet de progresser même si à un rythme moins effréné. Les prix auraient en effet augmenté de 0,23 % en mai, sur un mois, et de 4,56 % par rapport à mai 2009, selon le CRI. Seule l'Administration centrale des statistiques (ACS) - organisme relevant du Conseil des ministres - indique une légère baisse (0,1 %) des prix au mois de mai.
Quoi qu'il en soit, les Libanais - dont le pouvoir d'achat s'était nettement détérioré au lendemain de la flambée de l'euro en 2008 - ne semblent pas profiter pleinement de cette plongée de la monnaie unique. Selon l'économiste Paul Doueihy, « cela est dû au fait que les commerçants n'ont pas encore répercuté la baisse des prix des produits européens sur le marché » en présence d'un ancien stock à écouler mais aussi et surtout d'une structure oligopolistique qui leur accorde le luxe de ne pas suivre la tendance baissière de manière religieuse.

En parallèle, la baisse de l'euro n'a toujours pas eu d'impact sur le coût des importations du Liban et par conséquent sur son déficit commercial, qui devrait, selon l'économiste Louis Hobeika, reculer à la faveur de cette chute.
Un avis qui ne fait toutefois pas l'unanimité ; selon Paul Doueihy, le volume des importations (notamment d'Europe) devrait, toute chose égale par ailleurs, continuer d'augmenter, compensant ainsi l'effet prix.
Selon les chiffres officiels, le déficit s'est en tous cas creusé de 11 % au cours des cinq premiers mois de l'année, après avoir augmenté de 44 % fin mars, une décélération qui ne relève pas de la contraction de l'euro, selon Doueihy.

Hausse des importations européennes ?
Si l'impact sur les consommateurs ne s'est toujours pas fait sentir, les commerçants, eux, semblent se retourner de nouveau vers le marché européen, devenu plus alléchant. Celui-ci avait été relégué au second rang au cours des trois dernières années en faveur des marchés américains et chinois.
Effet de prix ou des nombreux accords commerciaux conclus dernièrement, les importations en provenance d'Italie ont en effet augmenté en volume net de près de 40 % au cours des cinq premiers mois de 2010, à 465 046 tonnes fin mai. En parallèle, les importations de produits belges ont bondi de 42 % par rapport à la même période de 2009. Quant aux importations de produits espagnols ou allemands, elles ont conservé le même niveau que celui de l'an dernier, à 97 206 et 99 088 tonnes respectivement.
Rappelons à cet égard que les importations allemandes avaient baissé de 16 % en volume entre 2007 et 2008, avant d'augmenter de 26 % en 2009, tandis que les importations en provenance d'Italie avaient baissé de 19,5 % il y a deux ans, avant de bondir de 47,4 % l'an dernier, reflétant ainsi l'évolution du taux de change euro/dollar.
Parallèlement, la Chine et les États-Unis avaient profité de la conjoncture, se hissant au premier rang des fournisseurs du Liban. Les importations américaines avaient en effet bondi, en volume, de 26 % en 2008, à 1 869 189 tonnes et de 29 % en 2009, à 2 415 385 tonnes. Quant aux importations de produits chinois, elles avaient augmenté de 18 % en 2008, à 598 471 tonnes, avant de légèrement baisser de 1,5 % en 2009.
Face à la situation actuelle, les importations provenant de ces deux pays risquent aujourd'hui de perdre du terrain. Les importations américaines ont d'ailleurs reculé déjà de 17,1 % au cours des cinq premiers mois de 2010, selon les chiffres officiels des douanes.
Contrairement à l'Italie, l'Allemagne ou les États-Unis, dont les exportations vers le Liban ont suivi la variation de l'euro, les importations de produits français ont continué d'augmenter, faisant fi de cette évolution en dents de scie de la monnaie unique face au dollar. Celles-ci ont en effet respectivement progressé de 42 % et de 7,4 % en 2008 et 2009. Selon Nassib Ghobril, directeur du département de recherche économique à la Byblos Bank, cela s'explique en partie par l'engouement traditionnel des Libanais pour les produits made in France mais aussi par des prix relativement compétitifs, notamment dans le secteur automobile, favorisés par des accords préférentiels conclus entre les concessionnaires libanais et les constructeurs français. Un avis partagé par l'économiste Paul Doueihy, selon lequel « la monnaie n'est pas la seule variable influant sur l'évolution des importations ». « D'autres critères comme la solidité des liens et des accords commerciaux entre les pays font partie de l'équation », souligne-t-il.

L'indexation de la livre libanaise à l'euro
Quoi qu'il en soit, la chute de l'euro a, par ailleurs, remis sur le tapis la question de l'indexation de la livre au dollar, celle-ci ayant été soulevée pour la première fois à l'époque où le Liban subissait de plein fouet les conséquences de la flambée de l'euro. Selon l'économiste Louis Hobeika, « une indexation de la monnaie locale à l'euro ou à un panier de devises étrangères devrait être sérieusement examinée, d'autant que plus du tiers des importations du Liban proviennent des pays de l'Union européenne (UE) ». L'indexation à une seule monnaie est en tous cas néfaste car « elle contraint le Liban à subir la politique monétaire » du pays émetteur de la monnaie à laquelle la livre est indexée.