18 août 2011

La Banque méditerranéenne de développement, un projet en gestation qui pourrait bénéficier au Liban

L’Institut de prospective économique du monde méditerranéen (Ipemed) et l’association des jeunes entrepreneurs Bader ont organisé mercredi une conférence à l’École supérieure des affaires (ESA) sur le projet de Banque méditerranéenne de développement. Ont pris part à cette conférence le gouverneur de la Banque du Liban (BDL), Riad Salamé, le président de la commission française chargée de faire avancer le projet, Charles Milhaud, le président de l’Association des industriels libanais (AIL), Nehmet Frem, ainsi que le délégué général de l’Ipemed, Jean-Louis Guigou, et le directeur général de l’ESA, Stéphane Attali.
À cette occasion, M. Salamé a souligné que la BDL soutenait depuis deux ans l’initiative de l’Ipemed pour le lancement de la Banque méditerranéenne de développement, étant donné que sa création permettrait d’améliorer les conditions économiques et sociales dans la région du bassin méditerranéen.


M. Salamé a en outre déploré les grandes disparités économiques entre les pays méditerranéens. « En effet, le PIB total des pays du bassin est de 8 000 milliards de dollars. Cependant, force est de noter que 38 % des habitants de cette région vivent en Europe et détiennent 80 % des richesses, tandis que 62 % des citoyens du bassin méditerranéen, vivant en Afrique et au Moyen-Orient, ne possèdent que 20 % du total de ces richesses », a-t-il précisé.
M. Salamé a ainsi insisté sur la nécessité de développer des outils de financement qui permettraient d’orienter davantage les investissements vers les pays du sud de la Méditerranée. « Les banques privées ne peuvent pas à elles seules jouer ce rôle, d’où la nécessité de créer une banque financée par l’ensemble des pays méditerranéens, qui contribuerait au financement des projets d’infrastructure du secteur public ainsi que les investissements du secteur privé », a-t-il expliqué.
M. Salamé a toutefois souligné que la réussite d’une telle banque est conditionnée par le fait qu’elle soit tenue à l’écart des tiraillements politiques.

Accélérer le développement dans les pays arabes
De son côté, M. Milhaud, auquel le président Sarkozy avait confié la commission chargée d’étudier le projet en juillet 2009, a souligné que la création de cette banque est devenue de plus en plus pressante à la lumière du printemps arabe, qui a mis en avant la nécessité d’accélérer le développement dans ces pays. « En 1945, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la Banque mondiale (BM) a été créée ; en 1957, avec la création de la Communauté économique européenne (CEE), la Banque européenne d’investissement (BEI) a vu le jour. En 1990, suite à la chute du mur de Berlin, la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) a été créée. Aujourd’hui, avec les différents changements politiques que connaît le bassin méditerranéen, une banque régionale de ce type s’impose », a souligné M. Milhaud.
Ce dernier a en outre précisé que cette banque, dont le capital devra majoritairement être public, permettrait de passer d’une logique de transferts de fonds à une logique d’intégration régionale durable.
M. Milhaud a également expliqué que sa commission avait insisté pour que quatre grands principes régissent la création d’une telle banque : la conditionnalité de réformes qui doivent être engagées parallèlement, la complémentarité entre cette nouvelle entité et les institutions déjà existantes, la subsidiarité vis-à-vis du secteur privé et la notation AAA comme préalable absolu à sa création.
« Les principales tâches de la banque consisteront notamment à transformer l’épargne locale en investissements de moyen terme, à soutenir le secteur privé, spécialement les PME, et à accélérer le développement des marchés financiers », a expliqué M. Milhaud.
Interrogé par L’Orient-Le-Jour sur les obstacles que pourrait rencontrer la création de cette banque, M. Milhaud a souligné qu’ils étaient principalement d’ordre politique. En effet, selon lui, si le projet est fortement soutenu par la France, l’Espagne et l’Italie, il ne suscite toutefois pas le même engouement parmi d’autres pays européens, ce qui pourrait retarder sa réalisation de quelques années.

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