28 juillet 2008

Ce club qui attire encore et encore

Les résultats du PSG sont en constante régression depuis plusieurs saisons. Le changement d’actionnaire n’y a rien changé. Le PSG a fini la saison dernière aux portes de la relégation. Si la tendance n’est pas inversée dès cette saison, le seul club de la capitale évoluant en ligue 1, continuera à écrire son histoire en ligue 2. Pourtant, Paris fait encore rêver les grands joueurs. Le club de la capitale a réussi lors de cette intersaison à attirer des joueurs de premier plan malgré sa baisse de régime. Claude Makelele, l’un des tout meilleurs milieux récupérateurs français de cette dernière décennie, et Ludovic Giuly, insaisissable ailier, viennent de signer au PSG.

Le PSG est le seul club de la capitale dans l’élite du foot français (ligue 1), ce qui lui permet de concentrer toute la ferveur populaire de la région d’île de France pour le ballon rond. Aussi mauvais que soient les résultats du club, les matches au parc se jouent toujours avec un public nombreux. Les matches du PSG se sont joués avec 37000 spectateurs de moyenne la saison dernière, soit un taux de remplissage de 78% du Parc des Princes. Rien de plus motivant pour un joueur que l’optique de jouer des matches à guichets fermés dans de grands stades. Giuly et Makélélé en ont l’habitude pour avoir foulé régulièrement les pelouses du Camp Nou, de Stanford Bridge ou du Santiago Bernabeu.
Malgré ses mauvaises prestations, le PSG draine encore les fonds des investisseurs. Colony Capital, fond d’investissement spécialisé dans le retournement d’entreprises en difficulté qui avait repris le club en 2006 a accordé au président une manne financière importante sur le marché des transferts. Le budget du PSG devrait passer cette saison de 70 à 100 millions d’euros. De plus, le PSG bénéficie du soutien indéfectible de la Mairie de Paris. La saison dernière, alors que le club parisien était en très mauvaise posture, elle avait déclarée qu’elle maintiendrait sa manne financière pour les saisons à venir, même en cas de descente. Avec aux manettes un nouveau président (Charles Villeneuve, ex-directeur des Sports de TF1), maître dans l’art de négocier, toutes les conditions étaient réunies pour revoir des joueurs de l’acabit de Claude Makelele et Ludovic Giuly s’entraîner au camp des loges.
Si la saison 2007/2008 a achoppé de mauvais résultats sur le plan sportif, la paire Cayzac-Le Guen a le mérite d’avoir lancé deux chantiers structurels vitaux que le PSG de l’ère Canal promettait de lancer mais n’a jamais lancé. Les pelouses du Camp des Loges ont enfin été changées en septembre, et la construction d’un centre d’entraînement ultra-moderne a été lancée. Son inauguration est prévue d’ici 2 à 3 ans. Deuxième dossier important : l’intégration des jeunes. Paul Le Guen a décidé d’enfin donner la chance aux jeunes du centre de formation de jouer en équipe première. Sakho, Sankhare, Chantome, N’gog et Arnaud sont des jeunes à qui le coach breton a donné du temps de jeu. Deux d’entre eux se sont particulièrement illustrés : Chantôme et Sakho, auteurs notamment d’une brillante prestation lors de la finale victorieuse de la coupe de la ligue face au RC Lens. Cette nouvelle politique laisse penser que le PSG saura donner sa chance à l’avenir aux jeunes pépites d’Ile-de-France, pour éviter de les voir mouiller d’autres maillots dès le début de leur carrière. Comme ce fut le cas pour Thierry Henry, né aux Ulis (Essonne) et qui a débuté sa carrière à Monaco, ou William Gallas, né à Asnières (Hauts-de-Seine) et qui a débuté sa carrière à Caen.
Ces deux changements structurels peuvent avoir pesé dans le choix de Makélélé et Giuly, surtout celui relatif à la présence de jeunes joueurs dans l’équipe. L’optique d’être entouré de jeunes prometteurs et motivés est très important pour que les expériences de Makélélé et Giuly puissent être transmises. Si l’équipe était composée uniquement de grognards chevronnés de la ligue 1, l’équilibre aurait été plus difficile à trouver, et le message de Kéké et Ludo aurait eu plus de mal à passer.
La présence de jeunes (Hoarau, Chantôme, Sakho), de joueurs intermédiaires (28-30 ans) comme Landreau, Luynindula et Rothen, et maintenant de joueurs internationaux très expérimentés (Giuly et Makelele) fait du PSG une équipe complète qui peut espérer être compétitive cette saison. L’association entre Ludovic Giuly, et son pendant sur l’aile gauche Jérôme Rothen promet. Elle avait déjà fait de brillantes preuves au temps où ils évoluaient ensemble à Monaco (2001-2004). Leurs talents réunis avaient mené le club de la principauté en finale de la ligue des champions en 2004.
Dernier élément qui a pesé dans la balance pour la venue de ces grands joueurs est l’attache personnelle de joueurs comme Makelele et Thuram à la ville de Paris. Si la venue de Thuthu a désormais peu de chances de se faire en raison de problèmes de santé, elle était en partie motivée par la présence de son amie dans la capitale. Makelele lui a grandi en région parisienne, et a ouvert un restaurant à deux pas de l’Elysee, le Rolls.
Reste maintenant à faire signer un défenseur central et un attaquant pour combler les départs de Yepes et Pauleta. Ces deux joueurs pourraient s’appeler William Gallas et Louis Saha. Deux internationaux.

22 juin 2008

Par la petite porte

Les bleus quittent cet euro 2008 la tête basse. Leur défaite face aux champions du monde italiens 2-0 a scellée le sort des hommes de Raymond Domenech. Incapables de gagner le moindre match dans ce groupe de la mort, les bleus n’auront pas été au niveau lors de cette grande compétition. Se réfugier derrière les erreurs d’arbitrage, les blessures et la malchance est trop facile. Les causes de cette débâcle sont profondes. Il est probablement trop tôt pour les analyser. Elle scelle aussi la fin de France 98.

Les nouvelles erreurs de Domenech
Raymond Domenech aura multiplé les erreurs lors de cet Euro. La mauvaise forme de Thuram et Sagnol lors des deux premiers matches l’a poussé à faire des changements dans sa défense pour le troisième match face à l’Italie, montrant de nouvelles carences dans son choix des 23 joueurs pour l’Euro. Avoir pris Sébastien Squillaci à l’Euro avec pour hiérarchie de défenseurs centraux : 1- Gallas 2-Thuram 3- Abidal (pouvant également jouer arrière gauche) 4-Boumsong 5- Squillaci, est incompréhensible. Il aurait été nettement plus judicieux de prendre un second milieu relayeur à la place de Squillaci, surtout quand on se savait privé de Patrick Viera pour le premier match (au moins). Mathieu Flamini aurait fait beaucoup de bien à la France dans son match d’hier face à l’Italie par son jeu porté vers l’avant, et aurait complété à merveille Claude Makelele au milieu du terrain.
Domenech a finalement titularisé les joueurs en forme de cette saison pour le dernier match du groupe. Patrice Evra, François Clerc, Karim Benzema ont enfin été titularisés les trois ensemble. Trop tard.
Domenech s’est une fois de plus mal adapté tactiquement à la tournure du match. Après l’expulsion d’Abidal et l’ouverture du score des Italiens par Andréa Pirlo sur penalty, faire entrer Boumsong à la place de Nasri, seul joueur (après la blessure de Ribéry) encore capable de repiquer dans l’axe et distiller de bons ballons à Benzema et Henry n’a pas donné ses fruits. Dans un match mal engagé, prendre d’avantage de risques était la seule solution pour l’emporter. Se priver de Makelele ou Toulalan au milieu du terrain, tout en gardant Nasri, aurait sans doute donné d’avantage d’occasions de buts aux italiens. Mais aux bleus aussi.
Un esprit d’équipe aux abonnés absent
De vives tensions sont apparues au sein du groupe France lors de cet Euro, entre les anciens de l’équipe et les plus jeunes. La cohabitation a été difficile, et au final, les cadres comme les jeunes sont passés à côté de leur Euro. Beaucoup de choses ont été écrites sur ces problèmes de groupe, mais il est trop tôt pour pouvoir discerner le faux du vrai. Les langues se dénoueront petit à petit. Mais au regard du comportement peu respectueux de certains jeunes lors du match même, on peut vite comprendre ce qui a peut être agacé des joueurs chevronnés comme Lilian Thuram ou Thierry Henry (qui ont tout gagné). Hier, la France a eu un coup-franc bien placé à la gauche de la surface au bout d’une demi-heure. Henry et Benzema veulent le tirer et se placent derrière le ballon. A tour de rôle, ils positionnent le ballon, pour signifier à l’autre qu’il va le prendre. Titi Henry (31 ans, 105 sélections), meilleur buteur de l’histoire des bleus (44 buts), et seul buteur de la France lors de cet Euro, effectue ce geste une dernière fois. Mais finalement, le jeune Benzema (20 ans, 12 sélections), plein de confiance après sa performance ratée contre la Roumanie s’élance et frappe. Dans le mur.
France 98 s’en va
La fin de l’aventure tricolore dans cet Euro est aussi celle de Claude Makélélé (35ans, 70 sélections), poumon inoxydable des bleus, qui a débuté sa carrière internationale le 22 juillet 1995 contre la Norvège. Il n’a loupé que deux des six grandes compétitions internationales auxquelles ont pris part les bleus lors de cette décennie : la coupe du monde 1998 et l’Euro 2000. Son palmarès en bleu est vierge. Lilian Thuram (36 ans), joueur le plus capé de l’histoire des bleus avec 142 sélections quitte lui aussi le navire tricolore. Il aura tout gagné avec les bleus et restera longtemps dans la mémoire collective pour son doublé en demi-finale de la coupe du monde 98 face à la Croatie. Reste deux joueurs : Thierry Henry et Patrick Viera. Le premier connaît une vive concurrence à son poste, et avait déclaré avant la compétition qu'elle pourrait être sa dernière. Patrick Viera lui restera. Dernier mohican, il rêvera de soulever la coupe du monde 2010 en Afrique du Sud en tant que capitaine.

16 juin 2008

Les ressorts de l'espoir

Le champion du monde contre son dauphin. Ce match devait être la finale du groupe. Ce ne sera peut être que la petite finale. La France joue aujourd’hui son dernier match de poule face à l’Italie. L’opposition entre la France et l’Italie a toujours une saveur spéciale, et plusieurs raisons poussent les bleus à croire en leur victoire et leur qualification pour les quarts de finale de cet Euro.
La Hollande ne voudra pas voir la Roumanie l'accompagner en quarts de finale. Ces deux équipes étaient déjà dans la même poule lors des éliminatoires de cet Euro. Les Roumains avaient terminé premiers du groupe, sans que la Hollande ne puisse les battre, ni même lui marquer le moindre but. Si la Roumanie bat la Hollande, et si les deux équipes se rencontraient à nouveau en demi-finale, les hommes de Victor Piturca rentreraient dans le match avec un grand avantage psychologique. De plus, quand deux mêmes équipes sont séparées par une grande différence de niveau, cet écart s’amenuise en faveur de l’équipe la plus faible au fil des confrontations. C'est-à-dire au profit de la Roumanie dans ce cas de figure. Les bataves, qui ont attaqué cet Euro tambour battant en marquant sept buts en deux matches, voudront stopper cette spirale. Même avec une équipe bis, leurs flèches sur les ailes ne devraient pas avoir beaucoup de difficultés à transpercer une équipe qui a joué le clair de ses deux premiers matches repliée sur elle-même. Aussi, les coéquipiers d’Edwin Van Der Sar devraient préférer jouer l’Italie ou la France en demis, vu l’avantage psychologique acquis suite aux deux claques infligées lors des matches de groupe.
Laver l’affront de 2006
La loterie des tirs aux buts avait séparée français et transalpins en finale de la dernière coupe du monde. Un match riche en émotions avec Zinédine Zidane et Marco Materrazzi comme principaux acteurs. De la « Panenka » de Zizou à son expulsion suite à son coup de boule, en passant par l’égalisation de Materrazzi et la tête à bout portant de Zidane sauvée par Buffon,
le match avait tenu toutes ses promesses et avait privé les bleus d’un second sacre mondial. Beaucoup de joueurs présents lors de l’épopée de 2006 sont encore la, et voudront prendre leur revanche. En effet, douze des vingt-trois joueurs de la dernière coupe du monde sont encore dans le groupe (Gallas, Thuram, Abidal, Sagnol, Makelele, Viera, Malouda, Ribery, Henry, Coupet, Boumsong et Govou), et six d’entre eux devraient être titulaires (Gallas, Abidal, Makelele, Henry, Ribéry, plus Govou ou Malouda). Si les bleus avaient déjà retrouvé et battus les Italiens lors des éliminatoires de cet Euro, une victoire en éliminatoires n’a pas la même saveur qu’une revanche en phase finale.
Dos au mur, les grands se relèvent
Le parcours des bleus et de plusieurs grandes nations lors des deux grandes compétitions internationales majeures (Coupe du Monde et Championnats d’Europe des Nations) montre qu’un début poussif lors du premier tour n’est pas toujours synonyme de mauvaise performance finale. Lors de la dernière coupe du monde, les bleus étaient dos au mur avant leur dernier match de poule face au Togo, et se cherchaient encore un fond de jeu et un état d’esprit collectif. La victoire face au Togo et le passage aussi près de l’élimination avaient transcendés les troupes et avaient donnée une grande confiance au groupe, avant d’affronter et de battre des nations de l’étage supérieur comme l’Espagne et le Portugal, et surtout le Brésil en quarts. Le parcours de l’Argentine lors de la coupe du monde 90 illustre lui aussi bien cette situation. Après avoir perdu leur match d’ouverture face au Cameroun, la Celeste avait finalement atteint la finale, qu’elle perdra contre l’Allemagne.
La France, bête noire des géants du football mondial
Autre motif d’espérance, dans les grandes compétitions et en règle générale, la France joue toujours mieux contre les grandes nations du football, que contre les équipes de rang inférieur. Sur cette dernière décennie et les cinq grandes compétitions internationales (CM 98, 2002 et 2006, Euro 2000 et 2004) qui y ont eu lieu, seuls le Sénégal (Coupe du monde 2002), le Danemark (Coupe du Monde 2002) et la Grèce (Euro 2004) ont pu sortir la France d’une grande compétition. Les confrontations directes entre la France et les grandes nations tournent ces dernières années largement en faveur des bleus. Le Brésil n’a plus battu la France depuis un match amical en 1992 au parc des princes (2-0). Depuis ce match, les bleus ont joué les brésiliens cinq fois, avec trois victoires (dont deux en coupe du monde, avec Zinédine Zidane donnant des leçons techniques aux Brésiliens) et deux matches nuls à la clé. Contre la Maanschaft allemande, la France n’a plus connu la défaite depuis 1986 et la demi-finale de coupe du monde à Guadalajara, perdue 2-0, et qui avait scellée la fin de la génération Platini. Depuis, les deux équipes se sont affrontées six fois, avec pour résultat cinq victoires françaises et un nul. Contre les anglais, les bleus restent sur trois victoires et un nul. Leur dernière défaite (1-0) date du 7 juin 1997, lors du mondialito organisée par la France à un an de la coupe du monde.
L’Italie ne déroge pas à la règle, loin de là. En effet, les quadruples champions du monde n’ont plus battu la France depuis la coupe du monde 1978, et ce match du premier tour gagné 2-1 par les coéquipiers de Paolo Rossi. La France avait ouvert le score dès la première minute grâce à Bernard Lacombe, mais cela n'avait pas suffi. Depuis, la France est devenue la bête noire de l’Italie. Si les deux équipes n’ont pu se départager qu’aux tirs aux buts lors de leurs deux oppositions en coupe du monde (98 et 2006), la France l’avait emporté dans le jeu en finale de l’Euro 2000, grâce à un but en or de David Trezeguet lors des prolongations. En trente ans, les neazzurri et les bleus se sont rencontrés neuf fois avec cinq victoires françaises et quatre matches nuls. Les bleus auront à cœur quoi qu’il arrive dans l’autre match de prolonger la série.
La défense italienne n’est plus que l’ombre de ce qu’elle était
Autre élément rassurant est que côté italien, le moral n’est pas au beau fixe. Les Italiens, privés de leur capitaine Fabio Cannavaro, blessé à l’entraînement à quelques jours du début de l’Euro, n’ont pris qu’un point (tout comme la France) en deux matches, et sont loin du niveau qui les avait hissé sur le toit du monde il y a deux ans. Ils n’ont pas été épargnés par l’arbitrage qui lors du match Italie-Hollande, a accordé un but à la Hollande alors que le buteur Ruud Van Niistelroy était nettement hors-jeu, et qui en a refusé un autre à Luca Toni lors du match Italie-Roumanie, pour une position de hors-jeu imaginaire. Mais le principal souci des italiens, qui peut laisser les français espérer, est que la défense néazzuri, traditionnel point fort est ajourd’hui leur maillon faible. En plus de la blessure de Cannavaro, les Italiens souffrent de l’absence d’Alessandro Nesta, qui a pris sa retraite internationale en 2006, et Marco Materrazzi n’est plus que l’ombre du bourreau qu’il avait été pour la France un soir de juin à Munich. Les Italiens ont encaissé quatre buts en deux matches au cours de cet Euro. Soit deux de plus que lors des sept matches de leur dernière coupe du monde.
Différentes rumeurs auraient fait état de vives tensions au sein du groupe France entre les jeunes et les joueurs cadres. Cette tension doit être canalisée par les joueurs cadres, et pousser le groupe à aller de l’avant. Zidane, qui sortait de deux saisons moyennes avec le real, avait su remettre tout le monde d’accord après le premier tour de la coupe du monde 2006, en redevenant le grand zizou l’espace de quatre matches, tirant ainsi les bleus vers le haut. Aujourd’hui, en humant ce même parfum d’une fin plutôt proche, Thierry Henry doit redevenir le grand buteur qu’il était lors de ses saisons londoniennes et lors de l’Euro 2000. Un grand titi aujourd’hui est peut-être ce qui sépare la France d’un quatrième quart de finale de suite à l’Euro, et le début d’une belle aventure.

13 juin 2008

Titi, Kéké et Thuthu en attendant Pat pour survivre au groupe de la mort

Le groupe de la mort tient bien son nom. Englués dans une situation difficile, des bleus pleins de doutes jouent aujourd’hui leur second match de poule face à la Hollande. Les différents choix du sélectionneur ne sont pas toujours les bons. Mais les bleus peuvent quand même y croire. Ils pourront compter sur le retour du meilleur buteur de l’histoire des bleus, Thierry Henry. Tout comme la grande forme de l’inoxydable Claude Makélélé (35 ans), élu homme du match contre la Roumanie.
Des bleus amorphes sans le capitaine Viera et le goleador Henry
Face à la Roumanie, la France a eu du mal à faire la différence. Dans une rencontre disputée à 18 heures sous une forte chaleur (20 degrés), les bleus n’ont pas pu faire la différence.
L’excuse de la chaleur, qui n’en est pas une n’aura plus de sens pour la suite car les bleus vont disputer leurs match d’aujourd’hui à 20h45, de même que leur dernier face à l’Italie mardi.
Ce qui a manqué à la France dans son premier match est du mouvement dans son jeu. La transmission du ballon était très lente, et les latéraux Sagnol et Abidal n’ont jamais pu apporter de solutions dans leurs couloirs. Ont également fait défaut la vitesse et la percussion habituels de Karim Benzema et Franck Ribery, très loin de leur niveau en club cette saison.
A un moment donné du match, les bleus avaient besoin d’un joueur pour les secouer mentalement, et les porter d’avantage vers l’avant. Ce joueur là, la France l’a en la personne de son capitaine Patrick Viera. Ce dernier, blessé à la cuisse le 30 mai, n’a pas joué le premier match, et ne sera pas de la partie non plus aujourd’hui. On espère son retour pour le match contre l’Italie. Le joueur de l’Inter Milan est très écouté par ses partenaires. Aussi, il évolue au poste clé de milieu relayeur, à la fois impliqué dans des tâches défensives et offensives. Ce qui permet de donner plus facilement des consignes à tout les membres de l’équipe. Thierry Henry, blessé à la cuisse avant le match contre la Roumanie effectuera aujourd’hui son retour. Le meilleur buteur de l’histoire de l’équipe de France avec 44 buts ne sera pas de trop pour concrétiser grâce à sa vitesse les contre-attaques que le jeu hollandais pourrait proposer.
Le titre de vice-champion du monde a donné un trop-plein de confiance à Domenech
Domenech est rentré dans cet Euro 2008 fort de son statut de sélectionneur vice-champion du monde. Aujourd’hui, on peut trouver des similitudes entre la situation de la France à cet Euro et lors du mondial 2006 après le premier match. Les bleus avaient alors fait match nul contre la Suisse, et certaines critiques identiques à celles d’aujourd’hui avaient fusées : Equipe vieillissante, défenseurs situés trop bas sur le terrain, manque de réalisme, sélectionneur incapable d’adapter sa tactique à l’adversaire et à la tournure du match. On connaît la suite et la bonne performance des bleus, qui n’ont été séparés du titre mondial que par la loterie des tirs aux buts.
Seulement voila, une grande différence existe avec la situation d’aujourd’hui. Si la France avait fait match nul contre la Suisse, il lui restait alors deux rencontres contre les deux équipes les plus faibles du groupe : la Corée du Sud et le Togo. Aujourd’hui, après avoir été tenue en échec contre la Roumanie, il lui reste à jouer les deux plus difficiles adversaires du groupe : la Hollande et l’Italie.
Allez comprendre les choix de Domenech
Les choix de Raymond Domenech sur le plan de la vie du groupe et les choix tactiques sont plus que discutables. L’ancien joueur de l’Olympique Lyonnais a décidé de faire vivre le groupe dans un vase clos, le coupant de tout contact avec les supporters en décrétant des huis clos pour toutes les séances, et en désignant quasiment toujours à la conférence de presse des joueurs de second plan. Si la confidentialité de certaines séances tactiques clés est nécessaire, il est cependant mauvais de couper totalement les joueurs des supporters auprès desquelles ils pourraient trouver un grand support mental, lors d’un entraînement ou lors d’une séance d’autographes. En 2006, ce même choix d’introvertion était justifiée par le manque de vécu commun des joueurs. Avec d’un côté les anciens Zidane, Makelele, Sagnol, Barthez et de l’autre les nouveaux Abidal, Malouda, Ribéry, un équilibre de groupe et de vestiaire avait besoin d’être trouvé en toute sérénité. Aujourd'hui, le groupe se connaît déja très bien.
Sur ses choix tactiques, il est plus que discutable de jouer contre la Roumanie avec deux milieux défensifs. Surtout quand ces deux milieux défensifs (Claude Makelele et Jeremy Toulalan) ne sont pas portés vers l’avant, comme le sont par exemple Patrick Viera ou Mathieu Flamini. Faute de le faire dès le début du match, Domenech aurait pu faire des changements dès la mi-temps, vu que les intentions roumaines étaient très claires : jouer tout le match très bas pour empocher le point du match nul. A la place, le sélectionneur a décidé d’attendre les 20 dernières minutes pour effectuer des changements, tout en maintenant deux récupérateurs sur la pelouse jusqu’au coup de siffler final.
La situation sportive délicate couplée à la pression médiatique, semblent toutefois avoir poussées l’imprévisible Domenech à mettre de l’eau dans son vin. Il a décidé depuis le match de la Roumanie de communiquer d’avantage, et de laisser filtrer ses entraînements et ses incertitudes tactiques à la presse. Les bleus devraient évoluer aujourd’hui en 4-2-3-1, et Eric Abidal laissera sa place de latéral gauche à Patrice Evra. Ce dernier sort d’une brillante saison avec Manchester, avec qui il a gagné la ligue des champions. Se priver d’un tel joueur ne pouvait plus durer.
Le sélectionneur : pas si important pour la victoire finale
Le coach est l’une des principales clés de réussite d’un club. Il vit au jour le jour avec des joueurs qu’il entraîne, qu’il conseille et qu’il fait progresser. Aussi, la cohésion d’un vestiaire d’un grand club européen composé de joueurs de plusieurs nationalités différentes est plus difficile à maitriser qu’en équipe nationale. Le coach de Chelsea José Mourinho en est le meilleur exemple. Au cours des 3 saisons où il a entrainé le club londonien (2004 à 2007), il a remporté quatre titres. Son remplaçant cette année, Avraham Grant, n’en a remporté aucun. Avec pourtant les mêmes joueurs… Ces derniers manifestent pour beaucoup d’entre eux des velléités de départ. Drogba et Lampard sont pressentis à l’Inter. Ils y rejoindraient…
Mourinho ! Peut-on en dire autant pour le coach d’une équipe nationale ? Après l’Euro 2004 où il entrainait les bleus, Jacques Santini a entraîné Totenham. Il n’a pu prendre dans ses bagages aucun des 23 bleus qui avaient disputé l’Euro…
Plus que tout, l’individualisme et l’égo des joueurs dans les clubs (qui les paient) sont plus élevés que lorsqu’ils jouent pour leurs équipes nationales. Voir Lionel Charbonnier, gardien remplaçant des bleus lors de la demi-finale de la coupe du monde 1998 contre la Croatie, se lever du banc et demander au public d’encourager son équipe est une image on ne peut plus éloquente. Qu’Andrei Shevchenko ou Carlo Cudicini, joueurs de Chelsea remplaçants lors de la finale de la ligue des champions en fasse de même était totalement impossible. Dans ce même sens, Jean-Alain Boumsong était ravi de savoir qu’il était sélectionné dans le groupe des bleus pour rester sur le banc et remplacer une hypothétique blessure de Gallas ou Thuram. Ravi, il ne l’était pas sur le banc de la Juventus, qu’il a quitté en Janvier pour rejoindre l’équipe-type lyonnaise.
Un sélectionneur a certainement une part dans la réussite d’une nation dans une grande compétition, mais elle est nettement moindre. Elle se situe surtout dans la sélection des bons « 23 » puis du bon « 11 ». A Mexès près, et avec l’apparition de Patrice Evra dans le onze titulaire demain, Domenech a le mérite d’avoir vu juste.
A partir de là, quel que soit le système, c’est aux joueurs, aux hommes qu’ils sont de se surpasser, de donner des solutions, de jouer au niveau qui est le leur. Ce niveau qui a fait gagner les titres à leurs clubs, et qui les a déjà hissés pour trois d’entre eux (Thuram, Viera, Henry) sur le toit du Monde et de l’Europe avec les bleus. Pour éliminer les grosses cylindrées, cette équipe doit aussi avoir en son sein des joueurs expérimentés et meneurs dans l’âme. De futurs grands entraîneurs comme Blanc et Deschamps avaient montré la voie en 98 et 2000. Ils avaient donné la capacité à l’équipe de s’autogérer. A Claude Makelele, Lilian Thuram, Thierry Henry et Patrick Viera de s’approprier encore plus ce rôle. Et la France sera aujourd’hui à seize jours d’un troisième sacre européen.

9 juin 2008

Réussir son entrée!

Les Bleus vont enfin débuter leur Euro. Leur première rencontre les opposera aujourd’hui à 18h00 à la Roumanie. La première rencontre d’une équipe dans une grande compétition conditionne souvent le reste de sa performance dans la compétition.
Premiers matches des campagnes victorieuses
Les bleus ont remporté trois grandes compétition internationales : l’Euro 84 et la Coupe du Monde 98 disputés en France, et l’Euro 2000 disputé en Belgique et en Hollande. A chaque fois les bleus avaient rendu une bonne première copie en l’emportant tout en dégageant une grande solidité défensive. En 84, lors de leur premier match de poule, les bleus battent le Danemark 1-0. En 98, la France bat les Bafana Bafana Sud-Africains 3-0. Lors de l’Euro 2000, les bleus battent encore le Danemark 3-0 lors de leur match d’ouverture. Un match liminaire victorieux avec la manière donne beaucoup de confiance aux joueurs, conforte le sélectionneur et ses assistants sur leurs choix tactiques et sur la préparation physique pré-Euro adoptée.
Les bleus dans le groupe de la mort
Tirés au sort dans le groupe de la mort avec l’Italie, la Hollande et la Roumanie, les hommes de Raymond Domenech n’auront pas d’autres choix que de l’emporter face à l’équipe la moins forte du groupe. La roumanie comptera essentiellement sur son attaquant vedette Adrian Mutu, dont la technique individuelle peut faire à elle seule basculer un match.
Mais vu l’état de forme de joueurs comme Ribéry, Benzema, Makelele et Coupet, et les bonnes performances lors des trois matches de préparation des bleus avant l’euro (2 vicoires, un nul, zéro but encaissé) il n’y pas lieu de s’inquiéter. Un nul ou une défaite hypothéquerait très vite les chances des bleus de passer le premier tour, avant d’affronter la Hollande et l’Italie.
Le cas Viera
Les derniers jours de la préparation des bleus ont été marqués par l’énigme Viera. La participation du capitaine des Bleus est incertaine en raison d’une blessure à la cuisse contractée lors d’un entraînement le 30 mai. Si on sait déjà qu’il ne jouera pas le premier match contre la Roumanie, on saura aujourd’hui s’il restera dans le groupe pour le reste de la compétition. Tout comme Zidane avant la coupe du monde 2002 et Desailly avant l’Euro 2004, les bleus se sont retrouvés avec un capitaine blessé à quelques jours du début de la compétition. A la différence des deux premières fois, le staff des bleus a communiqué avec un peu plus de transparence sur le pépin physique de l’homme au brassard, et n’exclut pas de disputer la compétition sans Viera, si on diagnostique que sa blessure le privera du second match. Pour les blessures de Zizou et Desailly, le staff avait pris la mauvaise décision de garder les deux joueurs dans l’effectif, tout en minimisant officiellement la gravité de leurs blessures. On connaît la suite, et l’incidence négative que cela avait eu sur la confiance et la concentration de l’équipe, notamment lors du premier match de la coupe du monde 2002 perdu contre le Sénégal 1-0.
Les bleus jouent cet Euro pour rentrer dans l’histoire. Il peut les mener vers un troisième sacre européen après ceux de 84 et 2000. La France rejoindrait ainsi l’Allemagne avec trois titres, et deviendrait indiscutablement la meilleure nation de foot de cette dernière décennie.

25 mai 2008

Le mome de Trappes repasse à la trappe


Une nouvelle page dans le livre déjà long et riche en rebondissements de la carrière atypique de Nicolas Anelka s’est écrite en finale de la ligue des champions 2008. C’est sur un penalty raté du joueur formé au Paris Saint-Germain que s’est achevé cette finale disputée à Moscou, entre Chelsea et Manchester. Au terme de 120 minutes insuffisantes pour déterminer un vainqueur (1-1), les deux géants du foot anglais se sont départagés par une séance de tirs aux buts. Une fin toujours injuste mais qui a au moins le mérite de désigner un vainqueur. Les deux équipes étaient à 6-5 pour les Red Devils avant que Nico s’élance et voit son tir stoppé par le gardien mancunien Edwin Van Der Sar.
Talent hors-norme à ses débuts
Formé au PSG, Anelka est lancé dans le grand bain de la ligue 1 par Luis Fernandez en 1996 alors qu’il n’a que seize printemps derrière lui. Très vite le gamin impressionne par son accélération hors norme et son sens du but. Faute d’avoir sa chance au PSG, il décide de s’expatrier à Arsenal (qui l’achète pour la modique somme de 500000 francs) où il inscrit 17 buts en championnat lors de la saison 98-99. Sans doute la meilleure de sa carrière.
Car son transfert au Real de Madrid en 1999 va amorcer son déclin. Très vite les Raul, Morientes et Guti le marginalisent dans le vestiaire et rendent son intégration difficile. Encore trop tendre, Anelka s’introvertit et se morfond sur le banc des remplaçants. Malgré sa victoire en ligue des champions et sa participation à la finale face à valence (au poste inédit de milieu droit !), il décide de fermer la parenthèse madrilène et retourner dans le club de son cœur, le PSG, auquel il est transféré pour une somme record à l’époque de 220 millions de francs. Soit 440 fois le prix auquel le PSG l’avait vendu à Arsenal 4 ans plus tôt. Cette moins-value fait d’Anelka le symbole de l’échec retentissant du club de la capitale dans sa gestion des jeunes joueurs formés au club. Au parc des princes, Anelka déçoit et demande très vite à retraverser la manche.
De 2002 à 2007, Anelka va petit à petit remonter la pente en faisant le bonheur de clubs de second plan (Manchester City, fenerbahce et Bolton) dans lesquels il inscrit 74 buts en championnat. Ces années dans l’ombre lui permettent également d’élargir sa palette : en plus de l’axe de l’attaque, nico est de plus en plus à l’aise sur les côtés et s’illustre par sa capacité à participer à la construction du jeu.
Ce retour en forme lui permet de retrouver un grand club (Chelsea) dans lequel il signe lors du dernier mercato hivernal. Mais le bilan de sa première saison au lendemain de la finale de ligue des champions n’est pas positif : un seul but marqué en quatorze matches de championnat et aucun en cinq matches de ligue des champions. Le tir au but manqué face à Mancester n’est au final qu’anecdotique tant on sait la grande part de chance inhérente à cette forme d’épreuve.
En dents de scie chez les bleus
Dans la pré-liste des 30 joueurs sélectionnés par Raymond Domenech pour l’Euro 2008, Anelka devrait également figurer dans liste des 23. Le sélectionneur l’a en effet régulièrement titularisé lors des rencontres internationales de ces deux dernières saisons.
Avant d’atteindre ce statut chez les bleus, et à l’instar de sa carrière en club, le natif de Trappes aura connu un parcours en dents de scie en sélection.
A ses débuts chez les tricolores, on disait que Platini n’avait pas eu la chance d’avoir un Papin pour bonifier ses caviars, et que Papin n’avait pas eu de Platini pour lui donner de bons ballons. Anelka avait Zidane, et Zidane avait Anelka, le duo promettait beaucoup. Au final il n’en fut (presque) rien.
En bleu, il aura connu les profondeurs abyssales de l’annonce de sa mise à l’écart par Aimé Jacquet, à quelques jours de la compétition, de la liste définitive des 22 bleus pour la coupe du monde 98. Et ce après avoir fait partie d’une première liste de 28 joueurs.
Chez les bleus, il aura également atteint des hauteurs himalayennes. En inscrivant un doublé historique à Wembley face à l’angletterre en 1999 et surtout en gagnant l’euro 2000. Lors de cette compétition, son association avec Thierry henry avait été un succès. On en gardera surtout sa très belle passe décisive à titi sur le premier but français en demi-finale face au Portugal.

Suite à cet euro, nico a connu de longues années de disette. Une victoire des bleus à l’Euro, avec un but en finale de l’ex-pensionnaire du camp des loges suffirait largement pour faire basculer le bilan mitigé de sa carrière à l’extérieur de la trappe.

7 janvier 2008

Une opposition étrangère à la démocratie


L’opposition libanaise a eu pour principales revendications lors de ces trois dernières années l’établissement d’une nouvelle loi électorale et la formation d’un gouvernement d’union nationale. Tant que ces demandes n’étaient pas appliquées, l’opposition a jugé que ce gouvernement et ce parlement n’étaient pas démocratiques. Pourtant, à voir comment les plus florissantes démocraties fonctionnent ces arguments ne justifient pas ce blocage.

La loi électorale qui prévalait lors des législatives de 2005, avait été fabriqué par Ghazi Kanaan, chef des services de renseignements syrien au Liban, au temps de l’occupation syrienne. Si cette loi est inique, c’est toutefois la même qui avait été appliqué lors des législatives de 2000, sans la moindre protestation à l’époque de certaines composantes de l’opposition d’aujourd’hui, comme le Hezbollah, Amal, les Marada de Sleimane Frangié ou Michel El-Murr.
Une loi électorale en termes pratiques n’est jamais juste, elle tend juste à l’être. Elle est un instrument du pouvoir en place. Ce dernier la fait évoluer selon ses intérêts, couvert par la légitimité parlementaire.
En France, Francois Mitterrand a fait passer le scrutin du mode majoritaire au mode proportionnel en 1986 pour limiter la casse face à l’écrasante victoire de la droite qui se présentait. Lors du scrutin du printemps dernier, disputé selon le mode majoritaire, le Modem de Francois Bayrou a obtenu 8% des suffrages pour n’entrer à l’assemblée qu’avec 3 députés sur les 577 que comptent l’hémicycle, soit 0,6% des sièges. On a jamais entendu Bayrou, malgré ses protestations récurrentes, demander au gouvernement de démissionner, car puisant sa légitimité d’une loi injuste.
Le mode de fonctionnement du système électoral américain est encore plus éloquent. Le président y est élu sur la base d’un système de Grands électeurs. Le candidat qui arrive en tête dans une région rafle la totalité des grands électeurs échus à cette région, selon le principe du « winner takes all ». Ce système permet théoriquement à un candidat de remporter l’élection avec 25% des suffrages populaires (voire moins). En 1972, Nixon a été élu avec 95% des voix des Grands électeurs, alors qu’il n’avait obtenu que 60% des votes populaires. L’élection de Georges W Bush en 2000 face à Al Gore est l’exemple le plus révélateur de l’imperfection de la loi américaine. Al Gore a devancé son rival républicain de plus de 300000 voix en termes de votes populaires. Mais le Texan a totalisé 271 Grands électeurs contre 267. Le diplômé de Yale l’a emporté grâce notamment à sa victoire de 537 voix d’écart en Floride. Le succès en Floride, lui a permis d’empocher les 25 Grands électeurs de la région, et d’accéder à la Présidence de la République.
Deux des plus resplendissantes démocraties connaissent des failles dans leurs lois électorales. L’opposition dans ces deux pays pointe du doigt cette carence, et cherche à peser dans le débat pendant son mandat dans l’opposition, sans chercher à figer l’action du pouvoir, sous prétexte qu’il est illégitime. Comme c’est le cas au pays du cèdre depuis novembre 2005.
De surcroît, une loi électorale nécessite du temps pour être mise en place. D’autant qu’elle doit être soumise à l’accord de toutes les parties en présence, et qu’elle est sujette à des désaccords au sein même de l’opposition et de la majorité. La nouvelle donne politique générée par le retrait syrien en 2005, la vague d’attentats qui a suivi nécessitait de donner la priorité à d’autres questions comme l’élection d’un président souverainiste, ou la mise sur pieds du tribunal international.
L'argumentation défendue par le Courant Patriotique Libre sur la nécessité de donner la priorité à l'adption d'une nouvelle loi qui donnera sa juste représentativité à la communauté chrétienne ne tient pas debout. D’autant qu’avec la présence dans la majorité de partis comme les Forces Libanaises et les Kataeb, il est certain que les prochaines élections se tiendront sous une légifération qui donnera ses plein-droits à la communauté chrétienne. Un comportement contraire de la part des composantes chrétiennes du courant du 14 Mars, lui ferait perdre une large partie de son électorat. Le consensus de toutes les parties chrétiennes sur ce sujet (Bkerké, CPL, FL, Kataeb, Marada…) devait suffire pour faire passer cette question au second plan, devant la nécessité de renforcer l’indépendance naissante (et en danger) de la nation. Le second pôle majeur de l'opposition qu'est le Hezbollah, avait dans la période pré-électorale des dernières législatives vivement insisté pour que l’élection se tienne sous le cadre de la loi de 2000.
La deuxième revendication de l’opposition est la formation d’un gouvernement d’union nationale, dans lequel elle détiendrait un tiers de blocage. C’est à dire qu’elle pourrait faire obstruction et bloquer toute décision du gouvernement qui ne lui conviendrait pas. La formation d’un gouvernement sous cette forme annihilerait le rapport entre la majorité et l’opposition qui régit tout système démocratique. Une coalition nationale de cette forme a sa place dans deux cas de figure. Le premier cas est quand le scrutin législatif n’a pas dégagé de majorité claire, comme ce fut le cas lors des dernières législatives allemandes. Or, les élections libanaises de 2005 ont donné une victoire nette à la coalition du 14 Mars avec 72 députés (contre 56 pour l’opposition), et un mandat de 4 ans. Le second cas de figure se présente quand toute les parties sont d’accord sur un péril commun important menaçant la nation, et qui nécessite de faire passer au second plan les programmes respectifs des différents partis. Or, le risque permanent que fait peser le voisin syrien sur la stabilité sécuritaire et économique du pays, ainsi que l’adoption du tribunal international, ne sont pas des sujets sur lesquels les deux bords partagent la même opinion. D’où l’impossibilité d’accorder un tiers de blocage à l’opposition.

L’heure est aujourd’hui au consensus sur la personne du Général Sleimane pour la présidence de la République. La majorité ne doit cependant plus lâcher de lest à l’opposition sur la question vitale du tiers de blocage. A l’heure où une nouvelle vague de pressions internationales sur l’Iran et la Syrie pourrait arriver, la majorité doit garder une certaine marge de manœuvre qui lui permettrait de récupérer en politique intérieure ces pressions, pour renforcer l’édification d’un Etat libanais fort et souverain. Quoi qu’il arrive, cette période aura créé un précédent anti-démocratique dangereux, et à l’avenir, toute opposition pourra se targuer des imperfections d’une loi pour stopper l’activité du pays.

Khalil Hatem