13 juin 2008

Titi, Kéké et Thuthu en attendant Pat pour survivre au groupe de la mort

Le groupe de la mort tient bien son nom. Englués dans une situation difficile, des bleus pleins de doutes jouent aujourd’hui leur second match de poule face à la Hollande. Les différents choix du sélectionneur ne sont pas toujours les bons. Mais les bleus peuvent quand même y croire. Ils pourront compter sur le retour du meilleur buteur de l’histoire des bleus, Thierry Henry. Tout comme la grande forme de l’inoxydable Claude Makélélé (35 ans), élu homme du match contre la Roumanie.
Des bleus amorphes sans le capitaine Viera et le goleador Henry
Face à la Roumanie, la France a eu du mal à faire la différence. Dans une rencontre disputée à 18 heures sous une forte chaleur (20 degrés), les bleus n’ont pas pu faire la différence.
L’excuse de la chaleur, qui n’en est pas une n’aura plus de sens pour la suite car les bleus vont disputer leurs match d’aujourd’hui à 20h45, de même que leur dernier face à l’Italie mardi.
Ce qui a manqué à la France dans son premier match est du mouvement dans son jeu. La transmission du ballon était très lente, et les latéraux Sagnol et Abidal n’ont jamais pu apporter de solutions dans leurs couloirs. Ont également fait défaut la vitesse et la percussion habituels de Karim Benzema et Franck Ribery, très loin de leur niveau en club cette saison.
A un moment donné du match, les bleus avaient besoin d’un joueur pour les secouer mentalement, et les porter d’avantage vers l’avant. Ce joueur là, la France l’a en la personne de son capitaine Patrick Viera. Ce dernier, blessé à la cuisse le 30 mai, n’a pas joué le premier match, et ne sera pas de la partie non plus aujourd’hui. On espère son retour pour le match contre l’Italie. Le joueur de l’Inter Milan est très écouté par ses partenaires. Aussi, il évolue au poste clé de milieu relayeur, à la fois impliqué dans des tâches défensives et offensives. Ce qui permet de donner plus facilement des consignes à tout les membres de l’équipe. Thierry Henry, blessé à la cuisse avant le match contre la Roumanie effectuera aujourd’hui son retour. Le meilleur buteur de l’histoire de l’équipe de France avec 44 buts ne sera pas de trop pour concrétiser grâce à sa vitesse les contre-attaques que le jeu hollandais pourrait proposer.
Le titre de vice-champion du monde a donné un trop-plein de confiance à Domenech
Domenech est rentré dans cet Euro 2008 fort de son statut de sélectionneur vice-champion du monde. Aujourd’hui, on peut trouver des similitudes entre la situation de la France à cet Euro et lors du mondial 2006 après le premier match. Les bleus avaient alors fait match nul contre la Suisse, et certaines critiques identiques à celles d’aujourd’hui avaient fusées : Equipe vieillissante, défenseurs situés trop bas sur le terrain, manque de réalisme, sélectionneur incapable d’adapter sa tactique à l’adversaire et à la tournure du match. On connaît la suite et la bonne performance des bleus, qui n’ont été séparés du titre mondial que par la loterie des tirs aux buts.
Seulement voila, une grande différence existe avec la situation d’aujourd’hui. Si la France avait fait match nul contre la Suisse, il lui restait alors deux rencontres contre les deux équipes les plus faibles du groupe : la Corée du Sud et le Togo. Aujourd’hui, après avoir été tenue en échec contre la Roumanie, il lui reste à jouer les deux plus difficiles adversaires du groupe : la Hollande et l’Italie.
Allez comprendre les choix de Domenech
Les choix de Raymond Domenech sur le plan de la vie du groupe et les choix tactiques sont plus que discutables. L’ancien joueur de l’Olympique Lyonnais a décidé de faire vivre le groupe dans un vase clos, le coupant de tout contact avec les supporters en décrétant des huis clos pour toutes les séances, et en désignant quasiment toujours à la conférence de presse des joueurs de second plan. Si la confidentialité de certaines séances tactiques clés est nécessaire, il est cependant mauvais de couper totalement les joueurs des supporters auprès desquelles ils pourraient trouver un grand support mental, lors d’un entraînement ou lors d’une séance d’autographes. En 2006, ce même choix d’introvertion était justifiée par le manque de vécu commun des joueurs. Avec d’un côté les anciens Zidane, Makelele, Sagnol, Barthez et de l’autre les nouveaux Abidal, Malouda, Ribéry, un équilibre de groupe et de vestiaire avait besoin d’être trouvé en toute sérénité. Aujourd'hui, le groupe se connaît déja très bien.
Sur ses choix tactiques, il est plus que discutable de jouer contre la Roumanie avec deux milieux défensifs. Surtout quand ces deux milieux défensifs (Claude Makelele et Jeremy Toulalan) ne sont pas portés vers l’avant, comme le sont par exemple Patrick Viera ou Mathieu Flamini. Faute de le faire dès le début du match, Domenech aurait pu faire des changements dès la mi-temps, vu que les intentions roumaines étaient très claires : jouer tout le match très bas pour empocher le point du match nul. A la place, le sélectionneur a décidé d’attendre les 20 dernières minutes pour effectuer des changements, tout en maintenant deux récupérateurs sur la pelouse jusqu’au coup de siffler final.
La situation sportive délicate couplée à la pression médiatique, semblent toutefois avoir poussées l’imprévisible Domenech à mettre de l’eau dans son vin. Il a décidé depuis le match de la Roumanie de communiquer d’avantage, et de laisser filtrer ses entraînements et ses incertitudes tactiques à la presse. Les bleus devraient évoluer aujourd’hui en 4-2-3-1, et Eric Abidal laissera sa place de latéral gauche à Patrice Evra. Ce dernier sort d’une brillante saison avec Manchester, avec qui il a gagné la ligue des champions. Se priver d’un tel joueur ne pouvait plus durer.
Le sélectionneur : pas si important pour la victoire finale
Le coach est l’une des principales clés de réussite d’un club. Il vit au jour le jour avec des joueurs qu’il entraîne, qu’il conseille et qu’il fait progresser. Aussi, la cohésion d’un vestiaire d’un grand club européen composé de joueurs de plusieurs nationalités différentes est plus difficile à maitriser qu’en équipe nationale. Le coach de Chelsea José Mourinho en est le meilleur exemple. Au cours des 3 saisons où il a entrainé le club londonien (2004 à 2007), il a remporté quatre titres. Son remplaçant cette année, Avraham Grant, n’en a remporté aucun. Avec pourtant les mêmes joueurs… Ces derniers manifestent pour beaucoup d’entre eux des velléités de départ. Drogba et Lampard sont pressentis à l’Inter. Ils y rejoindraient…
Mourinho ! Peut-on en dire autant pour le coach d’une équipe nationale ? Après l’Euro 2004 où il entrainait les bleus, Jacques Santini a entraîné Totenham. Il n’a pu prendre dans ses bagages aucun des 23 bleus qui avaient disputé l’Euro…
Plus que tout, l’individualisme et l’égo des joueurs dans les clubs (qui les paient) sont plus élevés que lorsqu’ils jouent pour leurs équipes nationales. Voir Lionel Charbonnier, gardien remplaçant des bleus lors de la demi-finale de la coupe du monde 1998 contre la Croatie, se lever du banc et demander au public d’encourager son équipe est une image on ne peut plus éloquente. Qu’Andrei Shevchenko ou Carlo Cudicini, joueurs de Chelsea remplaçants lors de la finale de la ligue des champions en fasse de même était totalement impossible. Dans ce même sens, Jean-Alain Boumsong était ravi de savoir qu’il était sélectionné dans le groupe des bleus pour rester sur le banc et remplacer une hypothétique blessure de Gallas ou Thuram. Ravi, il ne l’était pas sur le banc de la Juventus, qu’il a quitté en Janvier pour rejoindre l’équipe-type lyonnaise.
Un sélectionneur a certainement une part dans la réussite d’une nation dans une grande compétition, mais elle est nettement moindre. Elle se situe surtout dans la sélection des bons « 23 » puis du bon « 11 ». A Mexès près, et avec l’apparition de Patrice Evra dans le onze titulaire demain, Domenech a le mérite d’avoir vu juste.
A partir de là, quel que soit le système, c’est aux joueurs, aux hommes qu’ils sont de se surpasser, de donner des solutions, de jouer au niveau qui est le leur. Ce niveau qui a fait gagner les titres à leurs clubs, et qui les a déjà hissés pour trois d’entre eux (Thuram, Viera, Henry) sur le toit du Monde et de l’Europe avec les bleus. Pour éliminer les grosses cylindrées, cette équipe doit aussi avoir en son sein des joueurs expérimentés et meneurs dans l’âme. De futurs grands entraîneurs comme Blanc et Deschamps avaient montré la voie en 98 et 2000. Ils avaient donné la capacité à l’équipe de s’autogérer. A Claude Makelele, Lilian Thuram, Thierry Henry et Patrick Viera de s’approprier encore plus ce rôle. Et la France sera aujourd’hui à seize jours d’un troisième sacre européen.

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