22 juin 2008

Par la petite porte

Les bleus quittent cet euro 2008 la tête basse. Leur défaite face aux champions du monde italiens 2-0 a scellée le sort des hommes de Raymond Domenech. Incapables de gagner le moindre match dans ce groupe de la mort, les bleus n’auront pas été au niveau lors de cette grande compétition. Se réfugier derrière les erreurs d’arbitrage, les blessures et la malchance est trop facile. Les causes de cette débâcle sont profondes. Il est probablement trop tôt pour les analyser. Elle scelle aussi la fin de France 98.

Les nouvelles erreurs de Domenech
Raymond Domenech aura multiplé les erreurs lors de cet Euro. La mauvaise forme de Thuram et Sagnol lors des deux premiers matches l’a poussé à faire des changements dans sa défense pour le troisième match face à l’Italie, montrant de nouvelles carences dans son choix des 23 joueurs pour l’Euro. Avoir pris Sébastien Squillaci à l’Euro avec pour hiérarchie de défenseurs centraux : 1- Gallas 2-Thuram 3- Abidal (pouvant également jouer arrière gauche) 4-Boumsong 5- Squillaci, est incompréhensible. Il aurait été nettement plus judicieux de prendre un second milieu relayeur à la place de Squillaci, surtout quand on se savait privé de Patrick Viera pour le premier match (au moins). Mathieu Flamini aurait fait beaucoup de bien à la France dans son match d’hier face à l’Italie par son jeu porté vers l’avant, et aurait complété à merveille Claude Makelele au milieu du terrain.
Domenech a finalement titularisé les joueurs en forme de cette saison pour le dernier match du groupe. Patrice Evra, François Clerc, Karim Benzema ont enfin été titularisés les trois ensemble. Trop tard.
Domenech s’est une fois de plus mal adapté tactiquement à la tournure du match. Après l’expulsion d’Abidal et l’ouverture du score des Italiens par Andréa Pirlo sur penalty, faire entrer Boumsong à la place de Nasri, seul joueur (après la blessure de Ribéry) encore capable de repiquer dans l’axe et distiller de bons ballons à Benzema et Henry n’a pas donné ses fruits. Dans un match mal engagé, prendre d’avantage de risques était la seule solution pour l’emporter. Se priver de Makelele ou Toulalan au milieu du terrain, tout en gardant Nasri, aurait sans doute donné d’avantage d’occasions de buts aux italiens. Mais aux bleus aussi.
Un esprit d’équipe aux abonnés absent
De vives tensions sont apparues au sein du groupe France lors de cet Euro, entre les anciens de l’équipe et les plus jeunes. La cohabitation a été difficile, et au final, les cadres comme les jeunes sont passés à côté de leur Euro. Beaucoup de choses ont été écrites sur ces problèmes de groupe, mais il est trop tôt pour pouvoir discerner le faux du vrai. Les langues se dénoueront petit à petit. Mais au regard du comportement peu respectueux de certains jeunes lors du match même, on peut vite comprendre ce qui a peut être agacé des joueurs chevronnés comme Lilian Thuram ou Thierry Henry (qui ont tout gagné). Hier, la France a eu un coup-franc bien placé à la gauche de la surface au bout d’une demi-heure. Henry et Benzema veulent le tirer et se placent derrière le ballon. A tour de rôle, ils positionnent le ballon, pour signifier à l’autre qu’il va le prendre. Titi Henry (31 ans, 105 sélections), meilleur buteur de l’histoire des bleus (44 buts), et seul buteur de la France lors de cet Euro, effectue ce geste une dernière fois. Mais finalement, le jeune Benzema (20 ans, 12 sélections), plein de confiance après sa performance ratée contre la Roumanie s’élance et frappe. Dans le mur.
France 98 s’en va
La fin de l’aventure tricolore dans cet Euro est aussi celle de Claude Makélélé (35ans, 70 sélections), poumon inoxydable des bleus, qui a débuté sa carrière internationale le 22 juillet 1995 contre la Norvège. Il n’a loupé que deux des six grandes compétitions internationales auxquelles ont pris part les bleus lors de cette décennie : la coupe du monde 1998 et l’Euro 2000. Son palmarès en bleu est vierge. Lilian Thuram (36 ans), joueur le plus capé de l’histoire des bleus avec 142 sélections quitte lui aussi le navire tricolore. Il aura tout gagné avec les bleus et restera longtemps dans la mémoire collective pour son doublé en demi-finale de la coupe du monde 98 face à la Croatie. Reste deux joueurs : Thierry Henry et Patrick Viera. Le premier connaît une vive concurrence à son poste, et avait déclaré avant la compétition qu'elle pourrait être sa dernière. Patrick Viera lui restera. Dernier mohican, il rêvera de soulever la coupe du monde 2010 en Afrique du Sud en tant que capitaine.

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