16 juin 2008

Les ressorts de l'espoir

Le champion du monde contre son dauphin. Ce match devait être la finale du groupe. Ce ne sera peut être que la petite finale. La France joue aujourd’hui son dernier match de poule face à l’Italie. L’opposition entre la France et l’Italie a toujours une saveur spéciale, et plusieurs raisons poussent les bleus à croire en leur victoire et leur qualification pour les quarts de finale de cet Euro.
La Hollande ne voudra pas voir la Roumanie l'accompagner en quarts de finale. Ces deux équipes étaient déjà dans la même poule lors des éliminatoires de cet Euro. Les Roumains avaient terminé premiers du groupe, sans que la Hollande ne puisse les battre, ni même lui marquer le moindre but. Si la Roumanie bat la Hollande, et si les deux équipes se rencontraient à nouveau en demi-finale, les hommes de Victor Piturca rentreraient dans le match avec un grand avantage psychologique. De plus, quand deux mêmes équipes sont séparées par une grande différence de niveau, cet écart s’amenuise en faveur de l’équipe la plus faible au fil des confrontations. C'est-à-dire au profit de la Roumanie dans ce cas de figure. Les bataves, qui ont attaqué cet Euro tambour battant en marquant sept buts en deux matches, voudront stopper cette spirale. Même avec une équipe bis, leurs flèches sur les ailes ne devraient pas avoir beaucoup de difficultés à transpercer une équipe qui a joué le clair de ses deux premiers matches repliée sur elle-même. Aussi, les coéquipiers d’Edwin Van Der Sar devraient préférer jouer l’Italie ou la France en demis, vu l’avantage psychologique acquis suite aux deux claques infligées lors des matches de groupe.
Laver l’affront de 2006
La loterie des tirs aux buts avait séparée français et transalpins en finale de la dernière coupe du monde. Un match riche en émotions avec Zinédine Zidane et Marco Materrazzi comme principaux acteurs. De la « Panenka » de Zizou à son expulsion suite à son coup de boule, en passant par l’égalisation de Materrazzi et la tête à bout portant de Zidane sauvée par Buffon,
le match avait tenu toutes ses promesses et avait privé les bleus d’un second sacre mondial. Beaucoup de joueurs présents lors de l’épopée de 2006 sont encore la, et voudront prendre leur revanche. En effet, douze des vingt-trois joueurs de la dernière coupe du monde sont encore dans le groupe (Gallas, Thuram, Abidal, Sagnol, Makelele, Viera, Malouda, Ribery, Henry, Coupet, Boumsong et Govou), et six d’entre eux devraient être titulaires (Gallas, Abidal, Makelele, Henry, Ribéry, plus Govou ou Malouda). Si les bleus avaient déjà retrouvé et battus les Italiens lors des éliminatoires de cet Euro, une victoire en éliminatoires n’a pas la même saveur qu’une revanche en phase finale.
Dos au mur, les grands se relèvent
Le parcours des bleus et de plusieurs grandes nations lors des deux grandes compétitions internationales majeures (Coupe du Monde et Championnats d’Europe des Nations) montre qu’un début poussif lors du premier tour n’est pas toujours synonyme de mauvaise performance finale. Lors de la dernière coupe du monde, les bleus étaient dos au mur avant leur dernier match de poule face au Togo, et se cherchaient encore un fond de jeu et un état d’esprit collectif. La victoire face au Togo et le passage aussi près de l’élimination avaient transcendés les troupes et avaient donnée une grande confiance au groupe, avant d’affronter et de battre des nations de l’étage supérieur comme l’Espagne et le Portugal, et surtout le Brésil en quarts. Le parcours de l’Argentine lors de la coupe du monde 90 illustre lui aussi bien cette situation. Après avoir perdu leur match d’ouverture face au Cameroun, la Celeste avait finalement atteint la finale, qu’elle perdra contre l’Allemagne.
La France, bête noire des géants du football mondial
Autre motif d’espérance, dans les grandes compétitions et en règle générale, la France joue toujours mieux contre les grandes nations du football, que contre les équipes de rang inférieur. Sur cette dernière décennie et les cinq grandes compétitions internationales (CM 98, 2002 et 2006, Euro 2000 et 2004) qui y ont eu lieu, seuls le Sénégal (Coupe du monde 2002), le Danemark (Coupe du Monde 2002) et la Grèce (Euro 2004) ont pu sortir la France d’une grande compétition. Les confrontations directes entre la France et les grandes nations tournent ces dernières années largement en faveur des bleus. Le Brésil n’a plus battu la France depuis un match amical en 1992 au parc des princes (2-0). Depuis ce match, les bleus ont joué les brésiliens cinq fois, avec trois victoires (dont deux en coupe du monde, avec Zinédine Zidane donnant des leçons techniques aux Brésiliens) et deux matches nuls à la clé. Contre la Maanschaft allemande, la France n’a plus connu la défaite depuis 1986 et la demi-finale de coupe du monde à Guadalajara, perdue 2-0, et qui avait scellée la fin de la génération Platini. Depuis, les deux équipes se sont affrontées six fois, avec pour résultat cinq victoires françaises et un nul. Contre les anglais, les bleus restent sur trois victoires et un nul. Leur dernière défaite (1-0) date du 7 juin 1997, lors du mondialito organisée par la France à un an de la coupe du monde.
L’Italie ne déroge pas à la règle, loin de là. En effet, les quadruples champions du monde n’ont plus battu la France depuis la coupe du monde 1978, et ce match du premier tour gagné 2-1 par les coéquipiers de Paolo Rossi. La France avait ouvert le score dès la première minute grâce à Bernard Lacombe, mais cela n'avait pas suffi. Depuis, la France est devenue la bête noire de l’Italie. Si les deux équipes n’ont pu se départager qu’aux tirs aux buts lors de leurs deux oppositions en coupe du monde (98 et 2006), la France l’avait emporté dans le jeu en finale de l’Euro 2000, grâce à un but en or de David Trezeguet lors des prolongations. En trente ans, les neazzurri et les bleus se sont rencontrés neuf fois avec cinq victoires françaises et quatre matches nuls. Les bleus auront à cœur quoi qu’il arrive dans l’autre match de prolonger la série.
La défense italienne n’est plus que l’ombre de ce qu’elle était
Autre élément rassurant est que côté italien, le moral n’est pas au beau fixe. Les Italiens, privés de leur capitaine Fabio Cannavaro, blessé à l’entraînement à quelques jours du début de l’Euro, n’ont pris qu’un point (tout comme la France) en deux matches, et sont loin du niveau qui les avait hissé sur le toit du monde il y a deux ans. Ils n’ont pas été épargnés par l’arbitrage qui lors du match Italie-Hollande, a accordé un but à la Hollande alors que le buteur Ruud Van Niistelroy était nettement hors-jeu, et qui en a refusé un autre à Luca Toni lors du match Italie-Roumanie, pour une position de hors-jeu imaginaire. Mais le principal souci des italiens, qui peut laisser les français espérer, est que la défense néazzuri, traditionnel point fort est ajourd’hui leur maillon faible. En plus de la blessure de Cannavaro, les Italiens souffrent de l’absence d’Alessandro Nesta, qui a pris sa retraite internationale en 2006, et Marco Materrazzi n’est plus que l’ombre du bourreau qu’il avait été pour la France un soir de juin à Munich. Les Italiens ont encaissé quatre buts en deux matches au cours de cet Euro. Soit deux de plus que lors des sept matches de leur dernière coupe du monde.
Différentes rumeurs auraient fait état de vives tensions au sein du groupe France entre les jeunes et les joueurs cadres. Cette tension doit être canalisée par les joueurs cadres, et pousser le groupe à aller de l’avant. Zidane, qui sortait de deux saisons moyennes avec le real, avait su remettre tout le monde d’accord après le premier tour de la coupe du monde 2006, en redevenant le grand zizou l’espace de quatre matches, tirant ainsi les bleus vers le haut. Aujourd’hui, en humant ce même parfum d’une fin plutôt proche, Thierry Henry doit redevenir le grand buteur qu’il était lors de ses saisons londoniennes et lors de l’Euro 2000. Un grand titi aujourd’hui est peut-être ce qui sépare la France d’un quatrième quart de finale de suite à l’Euro, et le début d’une belle aventure.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

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