La ligne de démarcation entre la gauche et la droite a quelque peu battu de l’aile lors des deux dernières décennies. Sur plusieurs sujets un certain consensus s’est dégagé entre les deux principaux pôles politiques de la vie française, RPR puis UMP d’un côté, PS de l’autre. Ce rapprochement a rendu les alternances successives lors de ces dernières années dérisoires, tant les politiques menées se succédaient et se ressemblaient.
Une France qui n'hésite pas à contredire l'Oncle Sam
La politique étrangère de la France, que ce soit sous le règne de Mitterrand ou Chirac, est restée dans la lignée de la politique indépendante et souveraine du Général de Gaulle, qui n’hésite pas à contredire l’Oncle Sam. On s’attendait à voir avec l’arrivée des socialistes au pouvoir en 1981, une diplomatie plus encline à favoriser les intérêts israéliens, dans le conflit du Proche-Orient. Cette attente venait du fait que les socialistes français, résistants de la première heure, avaient lutté dans les premières années d’après-guerre pour que cesse la marginalisation des juifs dans la société française, et pour que les citoyens de cette communauté recouvrent tous leurs droits. Le PS jouissait depuis, du large soutien de cette communauté, du fait des inégalités qu’elle avait subies. Mais Mitterrand au pouvoir a opéré un revirement par rapport à ce qui pouvait être prévu, en se sensibilisant à la cause arabe et palestinienne. La guerre en Irak, et l’opposition ferme de Chirac aux velléités américaines d’invasion, a été la dernière manifestation de cette France indépendante sur la scène internationale.
Les mesures économiques ont elles aussi été proches les unes des autres. Les différents gouvernements d’alternance ont rarement abrogé les décisions prises par leurs prédécesseurs. Les socialistes, ont crée l’impôt de solidarité sur la fortune en 1981. Impôt que les gouvernements Balladur, Juppé, Raffarin et Villepin n’ont jamais supprimé. De même pour les 35 heures du gouvernement Jospin. En 2002, la droite considère que cette mesure est un acquis social pour les travailleurs, sur lequel il ne serait pas bon de revenir. Ce statu quo mené par Chirac, n’est pas en phase avec les économistes de droite qui prônent comme antidote au chômage la création d’emplois par une augmentation du temps de travail, qui engendrera une dynamique dont profitera l’économie dans son ensemble. A l’antipode de ceux dits de gauche, qui prônent la diminution du temps de travail pour mieux le partager, comme solution au chômage. Le parti de la rose a lui aussi effectué un revirement, en lançant une grande vague de privatisations d’entreprises françaises comme Renault dans les années 80. A l’époque, le premier ministre Laurent Fabius (1984), se voulait le chantre du socialisme libéral, indispensable pour maintenir la compétitivité de l’économie française, face au marché mondialisé.
Le dossier de la peine capitale a lui aussi accouché d’un certain consensus. La gauche, tenante du progrès, a tardé à réagir sur ce thème de société, quant on sait que la guillotine a été abolie en 44 en Finlande et en 65 au Royaume-Uni. Mais quand le processus se met en marche, sous la houlette du Garde des Sceaux socialiste Robert Badinter en 1981, une partie de la droite se rallie à lui et vote la loi. Plus de vingt députés RPR, dont Jacques Chirac ont en effet voté pour l’abolition de la peine de mort. Et le Corézien, a inscrit l’abolition de la peine capitale dans la constitution, quelques semaines avant son départ de l’Elysée.
La sécurité et l'identité nationale, enjeux des dernières campagnes présidentielles
La dernière campagne présidentielle a confirmé cette tendance. Avant même son investiture, Ségolène Royal donne le ton, et prône une ligne dure en matière de sécurité. Elle va même jusqu’à proposer un encadrement militaire pour les jeunes délinquants… ce que même Nicolas Sarkozy n’avait pas proposé. La sécurité a été le thème central de la campagne de 2002. En 2007, l’identité nationale s’est très vite imposée au centre du débat. Cette fois la gauche, emmenée par Ségolène Royal a montré dans ses discours et dans la mise en scène de ses meetings que ce thème n’appartenait pas à la droite, et qu’il était inhérent à tous les partis républicains. On peut noter ici une spécificité bien française. Tout les partis du paysage politique français de l’extrême droite à l’extrême gauche comptent dans leurs rangs un courant souverainiste. Ce qui peut expliquer en partie l’échec de la consultation sur la constitution européenne.
Le nouveau président Nicolas Sarkozy, lors de son long séjour place Beauvau, et au cours de la campagne présidentielle a annoncé dans son discours une série de mesures et un positionnement qui laissent augurer une politique bien plus libérale économiquement, et bien plus atlantiste à l’échelle internationale. S’il venait à concrétiser ce changement, les lignes entre les deux principaux pôles pourraient de nouveau se différencier. Les prochains mois le diront.
Khalil Hatem
13 juin 2007
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