Auteurs d’une seconde mi-temps de rêve, les bleus ont finalement répondu présent. Le match de samedi dernier est le dernier épisode d’une longue série qui a ponctué toute une décennie où nos footeux et nos rugbymen ont sorti une grande seconde mi-temps et des exploits uniques, transcendés par une situation et un contexte souvent compromis.
La bête noire des Blacks en coupe du monde
Il y a 8 ans déjà, les bleus avaient battu la Nouvelle-zélande en coupe du monde. Menés 24-10 en début de seconde mi-temps, les bleus avaient renversé la vapeur grâce à des exploits de Philippe Bernat-Salles et Christophe Dominici, pour finalement l’emporter 43-31.
Samedi dernier, les bleus étaient encore plus outsiders, et les blacks encore plus favoris. Et pourtant, les hommes de Bernard Laporte ont su laisser passer l’orage en première mi-temps (13-3), avant de réediter l’exploit de 99 en revenant au score avant de l’emporter grâce à un essai de Yannick Jauzion, sur une passe renversante de Frédéric Michalak, qui était rentré en jeu quelques minutes auparavant.
La dernière victoire des bleus face aux blacks remontait à 2000. Sur les quinze matches qui les ont opposés depuis 97, les bleus n’ont pris le dessus que trois fois. Mais deux fois sur deux en coupe du monde.
Les footeux aussi aiment revenir de loin
En demi-finale de sa coupe du monde de foot en 98, les bleus sont menés par la Croatie dès le début de la seconde mi-temps, après un but de Davor Suker suite à une erreur d’alignement de Lilian Thuram. Dans la foulée, les bleus égalisaient avant de l’emporter 2 buts à 1 grâce à un doublé de ce même Thuram. Le défenseur du barça n’avait pas marqué avant, et n’a plus marqué depuis en 132 sélections (série en cours).
Bis répétita deux ans plus tard en finale de l’euro à Rotterdam face à l’Italie, où les bleus menés au score ne sont revenus dans la partie qu’à l’ultime seconde du temps additionnel du temps reglementaire grâce à une volée de Sylvain Wiltord, alors que le banc transalpin était debout prêt à célébrer son sacre. On connaît la suite et le but victorieux de David Trezeguet en prolongations.
L’été dernier en Allemagne, peu de spécialistes avaient parié sur une victoire des bleus face au grand favori brésilien, en quart-de-finale de la coupe du monde. Après une courte période de crispation, les bleus ont petit à petit pris le match en mains, avant de concrétiser cette domination par un but de titi Henry sur un service de Zidane. La seule passe décisive de zizou à titi, en plus de 70 sélections communes en équipe de France.
Des matches tremplins
A Cardiff, les bleus risquaient de sortir dès les quarts de finale de LEUR coupe du monde, qu’ils avaient attendus pendant quatre ans. On voyait déjà se profiler l’ombre de longues et interminables critiques de la presse. D'abord, à l’encontre des organisateurs qui n’ont pas eu l’humilité de programmer les deux quarts de finale potentiels de la France dans l’hexagone, ayant la certitude que les bleus ne feraient qu’une bouchée de leurs adversaires du groupe. Une poule qui comptait pourtant l’Argentine et l’Irlande. Ensuite, des joueurs, dont on aurait une fois de plus décortiqué les erreurs lors du match d’ouverture face aux pumas argentins. Enfin, et surtout à l'encontre de Bernard Laporte, qu’on aurait envoyé à la curée pour avoir accepté un secrétariat d’Etat bien trop tôt, alors qu’il aurait dû jusqu’à la fin du parcours des bleus ne penser que rugby.
On saura aujourd’hui l’impact psychologique de la victoire face aux blacks. Mais avoir survécu rend un groupe beaucoup plus fort. Ce vieil adage sportif est rarement démenti. Des matches d’une telle intensité quand ils sont gagnés, permettent d’inverser la pression et de libérer l’équipe qui le gagne. Reste que les anglais sortent eux aussi d'un exploit face aux Wallabies...
Le match face au brésil l’été dernier à Francfort est la dernière illustration de cette France qui gagne après avoir souffert, et a poussé les bleus jusqu’en finale (perdue qu'à la loterie des tirs aux buts).
Ces exploits à l’arrachée ont mené les footeux à remporter un titre mondial et européen. Au tour maintenant des rugbymen de... transformer l’essai.
Khalil Hatem
L'essai de Bernat-Salles en 99 :
Le Haka néo-zélandais avant le quart-de-finale 2007 :
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